vendredi 21 novembre 2008

De l'emploi du terme "déflation" comme thérapie collective

De l'emploi du terme "déflation" en plein crash des actifs comme thérapie collective, comme représentation mentale positive et comme issue commerciale possible ... Il y aurait beaucoup à dire.

On peut comparer notamment la publicité faite actuellement à la déflation au grand hoax de 2007, the decoupling theory.

Où en est-on vraiment ?

A l'exception notable de Mike Sheldock, Loïc Labadie et quelques autres qui ont, comme les goldeux, anticipé la crise chacun à son poste de vue, ce sont aujourd'hui en fait en large partie ceux qui ont entonné d'une même voix le discours du decoupling qui aujourd'hui donnent un large écho à la thèse de la déflation ...

Qui ? Les mêmes phynanciers et les politiques trop heureux de trouver un nom pas trop misérable à la faillite de leurs finances privées et surtout publiques ...

Rappelons à ceux qui ont fait récemment du discours déflationniste un remède à la gestion du solde de leurs positions désormais en cash et en obligataire que :

- l'irruption du discours déflationniste est fort utile aux gestionnaires de patrimoine et sert à la fois de paravent à leur retard à l'allumage et de "porte de secours "pour l'avenir.

"On va optimiser votre parcours en obligations - et regardez moi donc la valeur de ce qui vous reste ...". Avec un message subliminal sans équivoque "Les autres se sont apauvris, vous êtes donc riches même à -25% ou plus ..."

- le terme "déflation est un accessoire essentiel pour les politiques. Et la comparaison faite entre les US 2009 et le Japon 1990 est particulièrement aimable et surtout flatteuse pour les politiques US.

En pratique concernant les US, la comparaison s'arrête à la spéculation sur les actifs. Le Japon bénéficiait en 1990 d'atouts considérables sur le plan économique ... Le fait que la planète n'était pas dans une crise séculaire n'étant pas le moindre ...

L'explication déflationniste est psychologiquement très avantageuse. Et ce d'autant plus qu'elle permet de renvoyer l'image flatteuse d'un Obama sauveur à l'épaisseur historique d'un Roosvelt plutôt que de projeter dans les média celle d'un dirigeant d'un pays surendetté cherchant l'aumône dans les officines bancaires des anciens comptoirs coloniaux ...

L'honneur est sauf.

J'aimerai adhérer à ce discours de la glorieuse et noble déflation en lieu et place de l'ignominieuse faillite clôturant une période de gabegie. Mais qu'y a-t'il dans le scénario actuel ... hormis des emprunteurs sur le point de faire défaut après avoir usé et abusé de la crédulité - parfois complice - des créanciers ?

AMHA nous éviterons le fameux deuxième effet kiss-cool, l'inflation forte. Mais pour autant l'issue n'est pas certaine :
  • la déflation est possible - elle implique des modifications comportementales rapides qui sont historiquement possibles aux US et de nombreuses et saines faillites à l'ancienne - mais elle est simplement peu probable.
  • en cas de vraie déflation, la disparition d'acteurs économiques et bancaires aura un effet positif sur le gold car une rétraction très rapide de la liquidité aura sur la planète. Et la partie ne se joue pas uniquement dans l'OCDE.
La déflation rapporte aux agents du petit monde qui tourne autour de l'obligataire. Il convient de le rappeler. Je serai le premier les consulter si le scénario se confirme. Mais pour l'instant, AMHA il n'y a pas à se précipiter. Il y a peu à gagner. Et pas mal à perdre.

La déflation est un phénomène de long cours. Elle sera là lorsque votre le prix de votre caddie aura baissé durablement. Pour l'instant nous ne parlerons que de crise financière, de credit crunch et d'une récession majeure.

Cela n'est pas plus réjouissant mais beaucoup plus près de la réalité actuelle ...