jeudi 23 octobre 2008

Un article passionnant

Un article court et passionnant de Scott Reynolds Nelson, professeur d'histoire ... Sur la crise de 1873 et la "longue dépression" (1873-1896).

En substance, les comparaisons faites entre la crise de 1929 sont bien sur oiseuses sinon carrément contreproductives. Car entre la grande crise de surproduction du géant industriel enserré dans une politique monétaire restrictive et l'empire décadent vivant du crédit de ses fournisseurs nous ne sommes ni de près ni de loin dans un remake du scénario des années trente.

En revanche la comparaison avec la crise de 1873 qui démarre par un enrichissement sans cause sur la base d'UNE TRÈS LARGE SPÉCULATION IMMOBILIÈRE dans un empire décadent, l'Autriche sur fonds de montée en puissance d'un grand concurrent au delà des mers, les US ... Est des plus intéressantes.

La mauvaise nouvelle tombe rapidement. La crise mit longtemps à se résorber. Mais certains d'entre vous sur ce forum sont plus lucides que les analystes des banques et moins menteurs qu'un porte-parole gouvernemental ...

D'abord une ressource en français

http://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_D%C3%A9pression_1873_%C3%A0_1896

Ensuite les commentaires de l'historien en VO-US :

"As a historian who works on the 19th century, I have been reading my newspaper with a considerable sense of dread. While many commentators on the recent mortgage and banking crisis have drawn parallels to the Great Depression of 1929, that comparison is not particularly apt. Two years ago, I began research on the Panic of 1873, an event of some interest to my colleagues in American business and labor history but probably unknown to everyone else. But as I turn the crank on the microfilmreader, I have been hearing weird echoes of recent events.

When commentators invoke 1929, I am dubious. According to most historians and economists, that depression had more to do with overlarge factory inventories, a stock-market crash, and Germany’s inability to pay back war debts, which then led to continuing strain on British gold reserves. None of those factors is really an issue now. Contemporary industries have very sensitive controls for trimming production as consumption declines; our current stock-market dip followed bank problems that emerged more than a year ago; and there are no serious international problems with gold reserves, simply because banks no longer peg their lending to them.

In fact, the current economic woes look a lot like what my 96-year-old grandmother still calls “the real Great Depression.” She pinched pennies in the 1930s, but she says that times were not nearly so bad as the depression her grandparents went through. That crash came in 1873 and lasted more than four years. It looks much more like our current crisis."

La suite est ici:

http://chronicle.com/temp/reprint.php?id=477k3d8mh2wmtpc4b6h07p4hy9z83x18

jeudi 16 octobre 2008

Oracle du marin belge

Depuis près de deux ans, j'anticipe une crise monétaire particulièrement grave. Et depuis quelques dix huit mois, j'essaye de vulgariser cette notion particulièrement complexes sur les forums bien bruyants (le terme est faible) de boursorama ...

Plus le cœur à élaborer désormais des diagnostics élaborés.

Sachez simplement que soigner la crise monétaire par l'injection de crédit c'est un peu comme soigner l'obésité en changeant la recette de la pâtisserie.

On risque tout simplement d'aller à l'infarctus financier.

Le basculement d'une part considérable du sur-endettement systèmique (là le mot prend tout son sens) des acteurs bancaires aux autorités publiques ne résout pas le problème et va simplement déclencher des "run" monétaires autrement plus dommageables que les run bancaires ...

Carnage sur la dette souveraine, l'autre nom des emprunts d'états noyés sous les appels à crédit des états-pompiers. Et runs sur les monnaies en commençant par les plus fragiles. Celles qui sont dépendantes de flux privés importants. A l'est de l'Europe notamment. Car c'est désormais au COMEX que cela va se passer.

Et les marché-action vont devenir très rapidement une préoccupation secondaire.

NE DITES PAS QUE VOUS N'AVEZ PAS ÉTÉ PRÉVENU.

Certains expliquent, justifient et argumentent. D'autres font de leur statut, économiste de banque ou pire, télévisuel ou gouvernemental le socle de leur légitimité. Ce sont pour reprendre l'expression récente de Marc Faber concernant "le meilleur économiste du Royaume-uni", Gordon Brown, d'authentiques clowns.

jeudi 9 octobre 2008

Inflation, déflation, comprendre

Je ne rouvrirai qu'à la marge le débat largement épuisé de l'inflation et de la déflation pour soulever un point relativement occulté à ce jour par les analystes, Le risque de voir zone Euro et US diverger largement dans l'évolution de leurs dérives monétaires.

Comme l'a fait remarqué Loïc Labadie sur son propre blog, l'effondrement d'un système de spéculation basée sur la dette privée est très largement déflationniste. La dette des opérateurs publiques est en revanche structurellement inflationniste sous réserve évidemment qu'ils aient accès à la planche à billet.

Si on doit admettre que des phénomènes similaires perturbent les équilibres financiers et monétaires aux US et dans la Zone Euro, la structure des endettements des deux zones sont très différents.

Le poids de la dette privée est considérablement plus élevé aux US. Elle est également plus fragile et moins règlementée. De plus une part importante de la dette publique, celles des collectivités locales, des états et de tout le parapublic est structurellement et politiquement très proche de la dette privée. C'est à dire éloignée des circuits de création ou de refinancement monétaire.

De ce point de vue, il est envisageable que ce soit paradoxalement l'Europe qui dispose in fine des moyens de "reflation" de ses circuits économiques et financiers, les US sombrant progressivement de la désinflation - nécessaire - à une déflation incontrôlable. Au moins pour quelques mois très cruels.

C'est peut-être bien cela que les marchés pricent en soutenant activement le dollar. Au vu de l'effondrement des prix immobiliers notamment aux US, et sur la base de la théorie de la parité des pouvoirs d'achat et de l'incapacité politique de l'état fédéral à assumer réellement une quelconque politique de soutien, il est logique que le dollar se renforce vis-à-vis de l'Euro.

C'est désormais en tous les cas mon analyse. Ce facteur est un soutien de la monnaie de réserve peut-être même aussi puissant que ceux évoqués par les analystes. Et qui ont évidemment toute leur pertinence.

mardi 7 octobre 2008

le syndrome de Reykjavík

le syndrome de Reykjavík. De quoi s'agit-t'il ?

Une très grave affection touchant les pays dont le système bancaire a cru très au delà de la taille du système économique. En clair dans ces pays, le système financier s'est mis à vivre de façon autonome, bien au delà des besoins de financement de son activité propre.

En quoi est-ce un problème, me direz-vous ? Et bien faisons bref.

En explosant tous les compteurs comme le font les banques islandaises, les dirigeants de ces groupes ont vraisemblablement permis aux pays d'engranger une activité économique non négligeable. A certain de travailler voire de gagner souvent très généreusement leur vie.

Mais ils ont mis leur pays sur la table comme un joueur engageant le chateau familial. En clair lorsque une seule banque de votre pays fait plus de six (6 yes) fois le PIB du pays et que l'activité bancaire représente 13 fois les PIB, le moindre secousse du système bancaire peut mettre à mal le système financier.

Et lorsque ces engagements ont été réalisés de manière désordonnée, c'est l'ensemble du pays qui peut tomber dans un effondrement monétaire sans précédent.

En quoi ce "syndrome de Reykjavík" nous concerne-t'il ?

Et bien c'est à ce niveau que j'ai besoin de votre concours, selon mes informations les engagements bancaires des trois premières banques belges représentent respectivement 250 % (Fortis), 170 %¨(Dexia) et 100 % (KBC) du PIB belge.

La situation est bien sûr beaucoup structurellement sérieuse encore en Irlande ou encore en Espagne où ce sont les fondamentaux long terme qui ont besoin d'être refondus et ce n'est pas qu'une figure de style. Mais ne nous leurrons pas un risque considérable pèse sur tous les pays hébergeant une activité bancaire considérable y compris dans des pays présentant des cash-flow positifs ...

Les engagements bilantiels de BNP et de Deutche Bank sont - selon mes informations - de l'ordre du volume du pays qui héberge leur holding. Et que dire de la Suisse dont les deux acteurs principaux concentre des engagements représentant à eux-seuls près de huit fois le PIB national.

Soyons clair. Si je reste relativement serein concernant les engagements des organismes bancaires français, je m'interroge sur les grands acteurs du secteur de l'assurance. Sans donner de noms évidemment.

Et vous invite à regarder l'évolution de nos monnaies avec un regard différent.

En cas de présence massive d'actifs foireux au bilan - une quasi-certitude pour les banques suisses et belges - le poids considérable des actifs foireux dans le bilan du secteur de la bancassurance aura des conséquences considérables sur le train de vie des pays concernés.

Il faudra recapitaliser les banques ou voir la taille du secteur s'effondrer à la suite de la disparition des capitaux propres. Face à un tel tsunami, il n'existe que deux solutions.

Soyons clairs voire carrément schématiques. Soit on fait payer le citoyen soit le système monétaire fait la soudure en monétisant la recapitalisation du système bancaire.

Les montants des pertes concernées sont tellement considérables qu'il peut probable que la solution fiscale soit autre chose qu'une vision de l'esprit.

Tout particulièrement en pleine récession. C'est donc à une dévalorisation progressive de l'Euro (moindre que le dollar évidemment) et d'ailleurs également du Franc Suisse qu'il faut vous attendre vis-à-vis des monnaies tierces. Vous êtes prévenus.