mercredi 24 septembre 2008

Message à un épargnant débutant ...

Ce message a été adressé un épargnant souhaitant - selon ses propres mots - investir dans l'or. Nous avons été frappé par la confusion dans le vocabulaire employé par cet épargnant visiblement perturbé par la confusion verbale régnant sur le marché de l'épargne. Cette confusion n'est-elle que verbale ....

Les conseils ne valent qu'en fonction du contexte ...

Et là nous n'avons rien sur toi, tes attentes, ta situation patrimoniale, tes horizons de placement ou encore ton gout pour le risque ...

Tu parles d'or physique "à titre d'investissement". Le terme est surement mal choisi. L'or peut être un placement spéculatif ou encore un moyen d'épargne mais surement pas un investissement.

Si tu est épargnant court terme, c-a-d que que tu souhaites que cette somme passe l'épreuve du temps sans risque, place en Euros. C'est simple et sans bavures ...

Si tu est épargnant long terme, c-a-d que que tu souhaites que cette somme passe l'épreuve du temps sans risque, l'or a largement son intérêt a en cette période quoique son espérance de rendement soit faible ...

C'est l'assurance par excellence sans risque de contre-partie. Celle qui passera réellement sans risques tous les évènements majeurs qui malheureusement sont le lot commun de l'humanité ...

Si tu es spéculateur tout autant qu'épargnant, tu peux tenter un pari spéculatif sur le métal jaune. C'est un pari sur l'incapacité de l'humanité de traiter la dégradation actuelle du système monétaire ou celui du système bancaire dans des délais et/ou des conditions raisonnables. C'est hélas un pari raisonnable.

Mais attention, tout cela n'a rien à voir avec l'investissement. Réfléchis bien au sens que tu donnes aux mots. Et si tu souhaites investir, tu dois changer de perspective.

L'investissement se construit sur des bases tout à fait différentes. Un logement qui rapportera XXX Euro par an. Un titre boursier avec ses coupons. Ou pour les plus riches et les plus patients, une start-up avec ses espérances de Bingo à 5 ou 10 ans.

Le maitre-mot de l'investissement est rentabilité. L'investissement implique la clarté et beaucoup d'informations. Le maitre-mot de l'épargne est solidité. L'épargne implique la confiance et rien qu'elle ...

L'épargne sert à E-P-A-R-G-N-E-R. Pour plus tard. Les banquiers a essayé de faire croire que l'on pouvait faire l'un et l'autre, investir et épargner, ensemble ... On a vu le résultat.

Alors, investissement, épargne longue ou court terme, choisis bien les mots que tu emploies. Choisis ta démarche. Et AMHA ne n'aventures pas sur des produits mixtes. C'est eux qui sont entrain de "crasher" notre belle planète financière ..

mardi 23 septembre 2008

Le bébé et l'eau du bain (ne pas jeter ...)

Comme certains d'entre vous d'entre vous je suis "bear de bear". Et ce depuis le début de la crise ayant soldé mon immo fin 2005 plus par obligation que par conviction. Puis, sur la base de l'analyse, mon portif PEA fin 2006 et mon portif action début 2007.

J'ai ensuite pris progressivement une position "bear" sur les marchés via des certifs bear, du gold et le reste en liquidités court terme. Dont une part à la Poste, c'est dire que votre serviteur est - utilement à ce jour - un peu parano.

Pour le reste, je pense qu'il ne faut pas se tromper de casting. Crise financière il y a, crise monétaire de façon certaine désormais. Pour autant ne jetons le bébé avec l'eau du bain ...

AMA la crise bancaire systémique ne guette pas la banque française ni allemande ni celle du nord de l'Europe.

Certes les placements malencontreux des banques allemandes (et on pourrait citer les néerlandaises et belges) sont de notoriété publique.

Certes quelques banques françaises ont misé - dans un mélange paranoïaque de croissance externe et d'internationalisation à contre-temps - sur les mauvais chevaux au dépens de leurs réseaux provinciaux si précautionneux...

Au final je ne donne pas lourd de la capitalisation boursière de la profession prise dans son ensemble à 2/3 ans. Son poids dans la celle des places financières de la zone Euro sera vraisemblablement inférieure à sa moyenne historique. Et peut-être même proche du zéro des cartes marines pour une bonne part d'entre elles au Sud de la zone. Ces dernières bénéficieront du secours des états concernés. Cela s'est fait dans le passé et se refera. Et il sera vraisemblablement temps de rentrer ...

Pour autant quelque soit la faiblesse de valeur résiduelle du système bancaire, l'absence de déficits extérieurs, la capacité structurelle à épargner du Nord de la zone Euro (largement supérieure à celle du Japon actuellement) sont autant d'atouts pour que le système passe - le cas échéant avec le concours de la BCE - l'hiver au chaud. Sans défaillance majeure, je n'ai pas dit sans défaillance ...

Attention donc à ne pas se tromper de cible quant à ses angoisses et ses enthousiasmes.

S'agissant des membres de l'OCDE la crise ne sera systémique que dans les pays présentant un bilan extérieur très négatif. A savoir des déséquilibres majeurs des balances extérieures non résorbables rapidement et un taux d'épargne privée faible. Ce n'est pas le cas de la zone Euro.

Bien sûr, rien n'est totalement rose dans le périmètre Euro. L'état italien, l'Espagne, la Grèce et l'Irlande, pour ne citer qu'eux, sont en situation critique au même titre que le Royaume-uni et, à tout seigneur tout honneur, les US. Et dans ces pays tout est possible même le pire. Et je vous passe un florilège de pays de l'Est européen que rien ne sauvera de l'intervention du FMI, pour peu que ce dernier survive.

En conclusion ne mélangeons pas les torchons et les serviettes.

La crise économique sera pour tous. Le diner des sur-capacités industrielles sera servi à tous. En revanche si la crise financière va détruire ce qui reste de capacités financières dans certain pays, elle épargnera les prudents qui verront leur épargne largement bénéficier de la remontée du cout de l'argent et de nombreuses solderies s'ouvrir ici et là sur les marchés financiers. Ceci compense bien cela ...

Dans ce panorama le précieux métal jaune a-t'il un rôle à jouer sur les marchés ? Oui mais il n'est pas en Europe.

Bien sur, dans un contexte comme le notre celui de la zone Euro, l'or peut peut être un outil parmi d'autres pour protéger l'épargnant de l'inflation.

Car bien sûr nous ne serons pas épargné pars l'inflation quand la communauté europeenne devra porter secours à son club Med. Par des aides spécifiques qui seront indispensables au sauvetage, ici de l'intégralité du système bancaire (Irlande), là de l'ensemble du système para-bancaire (Espagne).

Mais sur la zone Euro, il y a fort à parier que les comptes monétaires soient finalement - sous réserve d'une fiscalité raisonnable - d'un rendement suffisamment décent pour rendre l'alternative du métal précieux sinon caduque du moins discutable.

Mais s'arréter à l'appréciation de l'or aux frontières de la zone Euro, c'est clairement faire une lourde erreur d'appréciation ..

Prendre une position-or c'est d'abord tenter un pari spéculatif sur les errements de politique monétaire de nombreux pays d'Asie et du moyen-orient.

Par le pegging (j'invite ceux qui n'ont pas saisi de lire et relire sur le sujet), ces pays mettent l'ensemble du système monétaire internationale en péril. Et surtout détruisent en permanence l'épargne privée de leurs ressortissants, celle publique de leurs banques centrales.

Si cette attitude est justifiable en période de croissance forte, elle devient véritablement irresponsable en période de retournement.

Les pays qui ont fait le choix de la dépréciation monétaire forcée, Chine et golfe en tête (je vous fais grâce de la liste) vont remettre l'or au centre de la table. Willy-nilly.

Par l'épargne privée et même dans certains cas par l'"épargne publique, celle des banques centrales. Évidemment c'est à ce niveau très symbolique que se joue le plus gros de la partie.

Celle-ci ne fait que commencer.

lundi 8 septembre 2008

Fannie et Freddie, l'avant dernière digue vient de ...

Avec la prise en charge par le gouvernement US du bilan de Fannie Mae sur ses propres comptes, l'avant-dernière digue vient de rompre sous la pression ...

Plus précisément, le gouvernement américain, devant l'imminence de la rupture, vient d'ouvrir lui-même la brèche dans l'avant-dernier rempart avant l'envahissement définitif !

L'image est celle d'un marin du plat pays fréquentant bien souvent les eaux néerlandaise .

Qu'a fait RÉELLEMENT le gouvernement américain hier ?

En 2007, devant l'effondrement du marché privé du mortgage, la revente essentiellement à l'étranger des créances immobilières US, suite au terrible naufrage des subprime, le gouvernement américain prend deux mesures discrètes :
1- il fait verser par une agence fédérale 50 milliards de dollars discrètement à Countrywide pour que celui-ci continue à jouer spécifiquement la carte de l'immobilier pour les pauvres dans un marché totalement déserté,
2- il met la pression sur les agences fédérales en charge pour que le marché du refinancement hypothécaire ne s'effondre pas. En pratique évidement c'est bien sûr une sorte de garantie d'état sans le nom ...

Le procédé évoqué fait dire à un analyste US de la BNP avant l'hiver que c'est une nationalisation de fait du secteur que l'on assiste... Il a raison. Évidemment.

Que se passe-t'il aujourd'hui en 2008 ?

C'est l'étape suivante. Après l'effondrement du système privé, nous arrivons à l'étape ultime, la mise sur la table officielle de la garantie fédérale souveraine - et pas seulement celle des états qui aurait pu se justifier dans un autre contexte, moins dramatique - derrière le grad Monopoly immobilier américain.

Pourquoi est-ce grave ?

Oui. Parce qu'en matière financière, la confiance est essentielle. Elle est ni mesurable ni quantifiable. Quelque soit les efforts de "cotation" désormais risibles des "agences" ...

L'échelon de mesure postule en étalon de sécurité financière, la signature souveraine de l'état US. Or il aura fallu moins de dix huit mois pour que le gouvernement fédéral abatte sa dernière carte sur le dossier pourri de l'immobilier.

De l'échec du financement purement privé à la mise en échec des agences ...

Miné par le faisceau conjoint :
1) d'une incapacité politique à lever l'impot,
2) d'engagements de dépense qu'il ne pourra remettre en cause (guerres, dépenses sociales massives,
3) d'un repli des US sur ses communautés essentielles (elles sont locales),
le pouvoir politique américain ne va pas être en mesure d'assurer la pérennité monétaire.

La montée des taux ne va pas tarder. Et spectaculairement sur la zone dollar. Je peux me tromper et en serai ravi. Quoique...

Et oui les US vont faire face au "mur de l'argent". Tout simplement.

Le paradoxe historique est que ce "mur de l'argent" n'est pas celui des "200 familles" de 1936 mais celui d'une alliance bien hétéroclite des tous les épargnants de la planètes, communistes chinois en tête.