jeudi 15 mai 2008

un gout de sushi et de nem-crevettes

Beaucoup sur les forums boursiers francophone cherchent des boucs émissaires pour la bulle sur les actifs dont le dégonflement commence à faire si mal. A nos amis banquiers US (et européens ...) et aux primo-accédants immobiliers des années 2000. Sur une bonne part de la planète.

Cette recherche de "bouc émissaires" se comprend d'un strict point de vue ÉMOTIONNEL. Mais comme toujours sur les questions financières il importe de porter un regard analytique sur ce qui s'est passé ces dix dernières années.

LISTE DES FAUSSES RAISONS DE LA BULLE :
- l'avidité des agences immobilière et des promoteurs ou encore l'envie de s'enrichir des ménages en dehors de son travail dans un pays à l'ascenseur salarial bloqué à l'entresol (les années Leroy-Merlin en France, Kingfisher ou Home depot au Royaume-uni et aux US),
- le désir irrépressible de faire une culbute salariale en fin d'année de nos amis banquiers d'affaires et autres phynanciers,
- la gestion irresponsable de Greenspan et la déregulation massive des marchés financiers.

Toutes ces raisons sont importantes (et notamment les deux dernières) mais également très largement SUBSIDIAIRES.

Le creuset fondateur des dernières bulles spéculatives (n'oublions la bulle Internet aussi vite les amis) c'est le fameux "savings glut" si bien théorisée par nos amis américains.

De quoi s'agit-il ? De l'augmentation massive de la "préférence pour l'épargne" (vous savez cette envie de de mettre des noisettes de coté plutôt que des grignoter sur le pouce) des asiatiques.

Cette "préférence pour l'épargne" s'est spectaculairement renforcée lors de la crise asiatique. Vécue à la fois très durement par certains pays et TOTALEMENT SOUS-ESTIMÉE PAR LES OCCIDENTAUX, elle fut également une humiliation pour tous, japonais en tête.

Ceux qui pensent que la venue d'un manager français à la tête du numéro deux de l'automobile nippon fut sans conséquence se trompent énormément. Ceux qui estiment que les chinois perçurent l'évenement - dont ils ne furent que marginalement les victimes - comme un épiphénomène font du "wishful thinking".

L'Asie est sortie de la crise traumatisée. Plus près de nous, les hiérarques russes, Poutine en tête, vécurent leur propre crise avec les mêmes sentiment.

La crise financière est à l'image d'une guerre, une humiliation insupportable doublée d'une catastrophe aux conséquences concrètes particulièrement amères.

En assurant le financement à jet continu et à très bon compte des US et de pans entiers de l'Europe, en Europe orientale surtout mais également au Royaume-uni et en Espagne (dette privée), Italie et France (dette publique), l'Asie cherche depuis plus de dix à se prémunir contre les crises les plus graves.

Son aveuglement dans l'épargne a rejoint fort opportunément l'envie de consommer atavique des américains (c'est une partie importante du fameux et très matérialiste "rève américain").
Beaucoup sur ce forums cherchent des boucs émissaires pour cette bulle immobilière dont le dégonflement va faire si mal.

L'Asie est sortie de la crise traumatisée. Plus près de nous, les hiérarques russes, Poutine en tête, firent la même analyse.

La crise financière est à l'image d'une guerre, une humiliation insupportable doublée d'une catastrophe aux conséquences amères.

En assurant le financement à jet continu des US et de pans entiers de l'Europe, en Europe orientale surtout mais également au Royaume-uni et en Espagne (dette privée), Italie et France (dette publique), l'Asie cherchait à se prémunir désormais contre les crises les plus graves.

Son aveuglement dans l'épargne a rejoint fort opportunément l'envie de consommer atavique des américains (c'est une partie importante du fameux et très matérialiste "rêve américain").

Désormais sur le déclin ces pays ont pris cet argent et l'ont fort mal dépensé. On connait la suite, une spéculation sur les nouvelles technologies, non dénuée d'intérêt pour la planète et surtout un formidable élan vers l'immobilier de pays marqués par une démographie endogène (celle des natifs) à un point bas historique.

L'issue de la rencontre de cette envie d'épargner A TOUS PRIX et de celle de consommer tout AUSSI IRRÉPRESSIBLE est hélas désormais prévisible.

Une période d'austérité, une austérité organisée - et gérée par le FMI - ou un véritable naufrage sans issue ni sans chaloupe.

En fait depuis l'été 2007 Les US sont entrain de s'appliquer à eux-même un régime inverse de celui qu'ils préconisèrent il y a tout juste dix ans, via l'artifice d'un FMI confortablement installé à quelques jets de pierre du pouvoir fédéral US.

Les asiatiques regardent et comptent. Dans leur propres monnaies et dans leurs propres idiomes. Mais l'issue de la crise ne fait désormais à mes yeux aucun doute. Une large redistribution des cartes. Avec ou sans panique. Mais pas sans larmes.

Tous comptes faits, cette crise a effectivement le gout de Sushi et de nem-crevettes. Et c'est le comportement des asiatiques - que l'on espère responsable et organisé - qui déterminera in fine, bien plus que les décisions de Greenspan - l'issue de la crise.

Une remontée significative mais continue et organisée des taux long terme serait le meilleur scénario. Mais il n'est hélas pas certain.

mercredi 14 mai 2008

la ligne Maginot

C'est de plus en plus clair !

Nous avons eu droit pendant quelques mois au discours sur l'inexistence de la soit-disant "crise financière" La crise n'existait en fait que dans la tête d'une poignée de bloggers aigris, cadres au chômage et autres retraités tenaillés par l'amertume.

Désormais il est de mauvais ton chez nos experts de nier l'évidence (un proche, banquier à haut niveau me concédait en privé que même sur la France pourtant protégée via l'Euro par l'ombre portée des exportations allemande l'argent se faisait rare ... Et cher).

Alors les résistants de l'optimisme béats se tournent désormais sur une autre forme de négation.

Le message à la mode à Wall Street, Londres et la Défense (mais surement pas à Stuttgart, Shangai, Milan ou Lille, lieux de l'économie réelle) consiste à nier non la crise financière mais l'idée même qu'elle puisse débouche une récession.

Recession oui, mais récession mignonnette sans conséquences douloureuses. Justes quelques victimes expiatoires avant la reprise de la fameuse marche en avant mondiale ...

Le cœur du message est désormais le suivant : "la récession n'est pas techniquement là (sous-entendant qu'elle sera partie avant qu'elle puisse techniquement apparaitre). L'Asie n'est pas touchée. Et la crise aura disparue avant d'avoir produit ses effet, sans risque de domino".

Bien sûr la plupart des lecteurs de ce forum ne sont pas dupes.

La recession est bel et bien là aux US, tellement patente que les américains eux-même dans leur grande majorité, l'ont déjà perçu dans leur entourage et/ou leur porte-monnaie.

Seule sa traduction en chiffres officielle masquée par le tripatouillage éhonté des chiffres de l'inflation et du chômage. Il suffit effectivement de truquer ces deux chiffres pour redresser une économie ... De papier.

La seconde partie de l'affirmation de nos perma-bulls de Wall Street est exacte. " L'Asie n'est pas touchée". Enfin pas dans ses mécanismes économiques (*).

Mais je rassure mes lecteurs, nous aurons bientôt droit à un bel exemple de mauvaise foi. Lorsque les volumes du transit maritime international commenceront à baisser sérieusement et/ou que les tensions géopolitiques surgiront, nous aurons droit au même discours...

Personne ne souhaite pas un refroidissement en Asie, pas plus les perma-bears que les autres. Ses conséquences seraient autrement plus fâcheuses qu'une crise de foi d'américains suralimentés au propre et au figuré, le défaut massif des américains sur leurs dettes privées n'étant pas sans risque géopolitique.

Cela n'empêche pas la lucidité.

La finance ce n'est pas le financement d'usines en Europe orientale en 1900 et autre canal de Panama ou plus récemment la gamme EuroTunnel et/ou dysney et autres plans Internet ...

C'est l'art terne et sans gloire des possibles et des rentables.

Rassurez-vous, messieurs les vendeurs de rêves imbéciles, gérants de fonds et autres banquiers sans tête ni mémoire, nous gardons trace de vos messages et conseils et saurons nous passer de vos services quand le temps de la mémoire sera venu.

Cordialement

Marin belge

(*) Concernant l'Asie, si l'économie ronronne toujours autant, touchant aux mécanismes financiers, c'est une autre affaire ....

Les prix de la grande exportations chinois sont désormais tels que les producteurs chinois préfèrent, quand ils peuvent, la commercialisation locale à l'exportation en Europe et surtout aux US ...