mercredi 23 janvier 2008

Je pense comme l'ami Soros

Le monde a en fait changé. En si peu de temps. Ceux qui reviennent d'un voyage de tourisme industriel en Asie vous le diront. Sans pour autant trouver les mots.

Désormais la puissance industrielle est en Asie. Les US ne sont plus que le grand client traditionnel - l'ancienne puissance de tutelle fatiguée. Comme le fut la Grande Bretagne vis-à-vis des US durant les années 20.

Bien évidement, le monde ne le sait pas encore. Comme durant les années 20 et 30, l'ancienne puissance de tutelle maitrise encore presque totalement les symboles (média et arts) et, pour part, l'ingénierie financière grâce à la puissance rémanente de sa monnaie. Souvenons-nous du rôle incroyable qui fut celui de la livre Sterling ? Nos amis britanniques sont encore, pour la plupart, attachés à son fantôme.

Mais regardons les choses en face. Les US ne sont qu'une pale imitation de ce qu'ils furent durant la période qui va de 1920 à 1970.

Si la puissance des US ne s'est pas évanouie, c'est en grande partie grace au crédit accumulé, au sens propre comme au sens figuré par le dollar, "figure de tutelle" du commerce international. Et grace au formidable effort mené par une poignée d'entreprises dans les nouvelles technologies dans un dernier grand effort démarré au début des années 80.

Mais ne nous mèprenons pas. Ni Cisco, ni Microsoft ou Google ne font la planète même s'ils sont un élément essentiel de notre quotidien. Et la tentative de transformer le pays entier en laboratoire des nouvelles technologies (la fameuse bulle Internet) a montré qu'on ne saurait sauver l'ancienne puissance industrielle par un va-tout technologique. L'intelligence n'est en effet pas un bien exclusivement US. Et ce en dépit de l'excellence reconnue des universités nord-américaines.

Attention au miracle trompeur des média. Les US ne sont pas à l'image des contenus projetés à jet continu sur la planète. L'avenir est en Asie, industrieux et laborieux. La puissance ne se mesure pas à l'image véhiculée. C'est bien là-bas que s'y concoctent désormais les technologies du futur. Et que si accumule actuellement une quantité monstrueuse de capacités industrielles dans tous les domaines possibles.

Et c'est d'ailleurs en raisons de ces surcapacités - désormais financées par l'Asie et non plus par les joint-ventures du siècle précédent - que la prochaine crise capitaliste aura lieu en Asie. Et qu'elle sera sanglante.

La crise des subprimes n'est qu'une crise de crédit ordinaire. Le prochain hoquet des marchés asiatiques sera à l'image des crises qui ont émaillé la vie économique des pays au coeur du système capitaliste depuis deux siècle. Une brutale crise de surcapacité. Sans filet financier pour beaucoup des acteurs.

Dans ce contexte quelle place pour l'Europe. Une place de choix ! Celle du banquier tierce partie et du client discret. Conscient de ses forces mais également de ses faiblesses.

A cet égard, notre unité politique croissante est désormais aussi importante pour l'avenir de nos enfants que la qualité de notre économie. Ne l'oublions pas.