vendredi 23 janvier 2009

Pourquoi aucun rush sur le métal précieux.

Une réponse de fonds faite ce jour à une question posée sur un forum financier francophone à forte notoriété.

Le gold résiste remarquablement bien. Ceci dit, il ne donne pas lieu à un rush. Pourquoi ? Les raisons sont multiples. On en isolera deux et laisserons de coté les raisons d'ordre techniques et les procès d'intention vis-à-vis de la profession bancaire.

La première réponse est d'ordre géopolitique.

Les détenteurs des plus grosses structures d'épargne nets - Asie et golfe notamment - sont des piliers du système dollar. Pour des raisons bien différentes. Tant qu'ils soutiendront - et ils le font actuellement de leurs bras musclés, sans faiblir - ils ne joueront pas la carte de la monnaie alternative.

Il faut bien saisir qu'ils ne s'agit pas - pour l'essentiel - de patrimoines privés. Mais de patrimoines publics, dont le positionnement est tout autant d'ordre idéologique que financier.

Et c'est là qu'intervient le deuxième frein, qui tient au cadre de pensée.

Le métal jaune est décrit par l'idéologie financière dominante de manière littéralement calomnieuse. On fait porter sur ses frêles épaules la responsabilités de crises dont il n'est à l'évidence pas la source. Sur deux plans, celui des mécanismes économiques globaux et sur celui du comportement des épargnants.

Sur le plan macro-économique :

De la crise monétaire qui frappa l'Espagne impériale à la crise de 1929 présentée et transformée par la lecture d'intellectuels comme Bernanke et bien d'autres comme une conséquence de l'étalon-or, le rôle de l'or a fait l'objet d'une réécriture savante de l'histoire commencée après 1944.

L'or est présenté comme un instrument monétaire au mieux defectueux au pire paléolitique. Au mieux un facteur d'inefficacité. Au pire Un facteur de troubles économiques voire de guerres.

Haro sur le Baudet !

Les économistes dit autrichiens - dont les défenseurs sont les seuls à avoir anticipé cette crise, un sérieux facteur de crédibilité ! - ont depuis longtemps donné la clé. Mais on en a cure. Ils sont entouré d'un mépris élégamment cultivé. Tout particulièrement par la pensée économique néo-conservatrice qui a fait de l'utilisation des instruments monétaires un levier d'action économique. Avec la complicité au moins tacite de tous les acteurs économiques et sociaux. On est entrain de constater les résultats.

Comme le faisait remarquer un analyste de la blogosphere finance, un étudiant en économie brillantissime qui ferait un cheminement intellectuel auprès de cette école de pensée finit au mieux professeur de faculté d'une université sans renom.

Son alter ego reprenant la pensée commune Friedmano-Keynesienne connaitra un tout autre parcours académique. Au pire dans une des écoles de l'Ivy league au mieux prix Nobel d'économie ...

Suivez mon regard !

Sur le plan micro-économique :

L'épargne en or est considérée - fort à tort - comme un facteur de thésaurisation, de "mise sous le boisseau" stérilisant l'argent accumulé aux dépens de l'investissement. L'or serait par sa présence stérilisante. On oublie trop vite que l'or n'est qu'un instrument monétaire susceptible de toutes les opérations y compris les plus sophistiquées.

Au final c'est évidement l'avarice et la cupidité des hommes qui, plus que tout, les amène à détruire et manipuler crédit et monnaie. Dans tous les sens, dans l'ordre et le désordre.

Et que ce soit sur le plan micro ou macro-économique, l'or ne tient qu'un rôle salutaire limitant par sa présence physique sur les marchés, les débordements les plus excessifs de la confiscation macro-économique par l'inflation, la manipulation des taux d'intérêt, une fiscalité prédatrice voire, sur le plan micro, ... la confiscation tout court.

Le métal jaune constitue à l'évidence une monnaie - et une épargne - de dernier ressort ... Son rôle reste à la marge. Je reste persuadé qu'il n'a terminé son cheminement jusqu'à une restauration d'un ordre monétaire international digne. Mais il reste de la route à parcourir.

Du chemin à parcourir dans les esprits également. Tout particulièrement donc dans la perception idéologique des détenteurs nets de créances en dollars. Le retournement est palpable, tant dans le golfe qu'en Chine où la prégnance d'une idéologie faisant un savant amalgame de néo-conservatisme anglo-saxon et de nationalisme économique très communiste est entrain de disparaitre.

Le temps joue pour une revalorisation forte de l'or.

Je le déplore en qualité de citoyen, préférrant, comme la plupart de mes lecteurs, une monnaie fiduciaire honnête et solide qu'une relique barbare. Et n'adhère au métal jaune que par nécessité intellectuelle ... Et financière.