jeudi 9 octobre 2008

Inflation, déflation, comprendre

Je ne rouvrirai qu'à la marge le débat largement épuisé de l'inflation et de la déflation pour soulever un point relativement occulté à ce jour par les analystes, Le risque de voir zone Euro et US diverger largement dans l'évolution de leurs dérives monétaires.

Comme l'a fait remarqué Loïc Labadie sur son propre blog, l'effondrement d'un système de spéculation basée sur la dette privée est très largement déflationniste. La dette des opérateurs publiques est en revanche structurellement inflationniste sous réserve évidemment qu'ils aient accès à la planche à billet.

Si on doit admettre que des phénomènes similaires perturbent les équilibres financiers et monétaires aux US et dans la Zone Euro, la structure des endettements des deux zones sont très différents.

Le poids de la dette privée est considérablement plus élevé aux US. Elle est également plus fragile et moins règlementée. De plus une part importante de la dette publique, celles des collectivités locales, des états et de tout le parapublic est structurellement et politiquement très proche de la dette privée. C'est à dire éloignée des circuits de création ou de refinancement monétaire.

De ce point de vue, il est envisageable que ce soit paradoxalement l'Europe qui dispose in fine des moyens de "reflation" de ses circuits économiques et financiers, les US sombrant progressivement de la désinflation - nécessaire - à une déflation incontrôlable. Au moins pour quelques mois très cruels.

C'est peut-être bien cela que les marchés pricent en soutenant activement le dollar. Au vu de l'effondrement des prix immobiliers notamment aux US, et sur la base de la théorie de la parité des pouvoirs d'achat et de l'incapacité politique de l'état fédéral à assumer réellement une quelconque politique de soutien, il est logique que le dollar se renforce vis-à-vis de l'Euro.

C'est désormais en tous les cas mon analyse. Ce facteur est un soutien de la monnaie de réserve peut-être même aussi puissant que ceux évoqués par les analystes. Et qui ont évidemment toute leur pertinence.