mardi 10 février 2009

Sa disparition n'attriste et n'alerte personne, Et pourtant ...

Quand elle a disparu, personne n'en parle et pourtant elle manque énormément. On évite d'en parler pour qu'elle ne s'éloigne plus encore. Mais elle a disparu depuis longtemps et pour longtemps. Et ne reviendra que lorsque l'on aura fait les efforts nécessaires.

De quelle disparition s'agit-il ? De celle de la confiance. De celle que nous avons tous dans les instruments financiers et monétaires.


Cette confiance utile lorsqu'on échange des matières premières, nécessaire lorsque l'on échange des biens industriels sophistiqués, indispensable lorsque l'on souhaite obtenir ou proposer du crédit. Et plus encore lorsque ce crédit doit être proposé sur des échéances longues.

Le crédit EXIGE la confiance. Et le degré d'exigence est à la hauteur du crédit souhaité, de son volume et surtout de sa durée. Des tartuffes veulent nous faire croire qu'il est possible relancer le crédit long dès maintenant. Qui plus est à l'international. Et sans revenir sur les fondamentaux.

Des esprits faibles souhaitent y croire. D'autres plus lucides savent qu'il est virtuellement impossible ACTUELLEMENT de re-mettre en place des mécanismes de crédit privé long suffisants pour relancer les pans de l'économie qui en ont vraiment besoin ...

L'argent va manquer pour les projets longs. Pour les moins justifiables et notamment cet immobilier pléthorique qui est entrain de saturer des pays à la natalité littéralement en implosion, c'est un retour au bon sens. Et c'est bien. Pour les investissements dont la planète a encore cruellement besoin - de la production de ressources essentielles, de l'énergie à l'eau et notamment, c'est excessivement dommage ...

L'argent mal investi a disparu. Il faudra reconstituer cette épargne gaspillée.

Il va falloir restaurer la confiance dans les acteurs du système et, plus encore, celle que l'on peut porter aux instruments monétaires. C'est un préalable au re-démarrage pas un accessoire à régler une fois en route ...

Et oui car il y a ce chiffre fâcheux de deux milles milliards de dollars. Le dernier chiffre retenu pour les pertes réalisées autour de la distribution de produits obligataires toxiques US.

A ce stade on oubliera les accessits, l'immobilier ibérique, britannique ou slave et bien évidemment les monstrueuses surcapacités mises en place en Asie... Dont personne n'a entrepris de mesurer l'ampleur. En Chine notamment où elles sont littéralement enfouies dans les bilans de banques d'état. Mais l'ampleur des pertes enfouies entre les banques de ces pays double vraisemblablement la donne. A quatre ou cinq mille milliards de dollars. Une part significative de l'épargne nette de l'épargne mondiale exprimées en monnaie scripturale.

Cette destruction d'épargne constitue effectivement la plus grande spoliation financière de l'histoire de l'humanité. Elle va déclencher en contrecoup une régression de l'épargne fiduciaire - le mot savant pour l'épargne en moyens monétaires - et des vagues inflationnistes qui seront à la hauteur des pertes réellement encaissées.

Dans ce bourbier la seule issue macro-économique raisonnable se trouve au niveau national. Chaque pays - ou zone monétaire - peut tenter de remettre son système financier en ordre et en route. De manière autonome et singulière. Et permettre à la confiance de revenir.

Les actions transnationales qui vont être menées pour déserrer l'étau de la crise en cours vont contribuer encore un peu plus à détruire la valeur des en-cours de crédit réalisés ces dernières années.

Ne rêvons pas. Ce ne sont ni Obama ni Brown représentants de "paniers percés" sans mauvaise conscience ni complexes qui détiennent la clé de cette remise en marche. Mais les dirigeants modestes de pays plus modestes, moins ambitieux et beaucoup moins télégéniques. Ni Keynesiens ni monétariste. Attention aux miroirs aux alouettes... Ces dirigeants n'auront ni le soutien des média si celui des foules endettées. Pour de bonnes raisons ...

Que cela signifie-t'il pour l'épargnant de la zone Euro ?

Que la crise n'est pas finie et qu'elle ne verra pas son terme en 2009. Les préalables d'une économie saine ne sont pas en place. Même dans la zone Euro, pourtant modérément perturbée.

Si vous souhaitez garder confiance, faites l'impasse sur la mégalomanie des dirigeants.

Examinez, lorsqu'ils apparaitront les signes d'une remise en place. Elle sera "régionale" au sens de la planète. Le marin espère voir la zone Euro faire partie de ces zones du monde qui vont retrouver les mécanismes de cette confiance.

La confiance en ce domaine ne passe ni par la démagogie ni par la facilité.

Comme toujours en matière financière, les programmes efficaces ne sont pas ceux qui plaisent aux peuples. Mais ceux qui rendront à nouveau possibles le retour à un système financier favorisant à sa juste valeur l'épargne. Et la mise en place de mécanismes de crédit sains équilibrés et économiquement justifiables.

Pour vos investissements et vos placements, ne faites pas abstraction de ces fondamentaux. Les conditions d'un retour à l'ordre financier et monetaires ne sont pas encore en place. Elles ne seront pas avant deux à trois ans. Au plus mieux et sous réserve que les dirigeants politiques ne succombent à une démagogie dictées par l'urgence politique. On peut penser que les européens sauront éviter l'écueil.

Entretemps chacun connait mes recettes faites de placements de père de famille et, pour les plus courageux, de shorts patients sur le Sud de l'Europe accompagnés de quelques paris sans risque sur les monnaies les plus exposées. De la livre britannique en passant par les monnaies fort mal arrimées des nouveaux venus aux modèle de consommation occidentale, à l'Est de notre continent.

On reviendra sur les marchés plus tard. Lorsque la mer aura retrouvé son bleu azur. Nous n'y sommes pas.