vendredi 25 janvier 2008

Confiance et épargne

En matière de monnaie et d'épargne, l'histoire humaine a connu toutes sortes de phases.

De la phase métallique qui nous a tenu jusqu'à la fin du XIXeme jusqu'au produit abstrait, sophistiqué et basé sur la confiance et l'expertise, le CDO ou encore "le fonds de fonds" dont certains d'ailleurs sont entrain de chercher le fonds. En passant par des produits simples et rassurants. Du livret A en passant par l'achat de titres sur Boursorama.

Ce que nombre de banquiers - y compris les grands argentiers anglo-saxons - ne semblent pas comprendre ou plutôt admettre, c'est que le système financier et monétaire est depuis près de douze mois (les prémices de la crise des subprimes) menacé.

Menacé dans ses fondements essentiels.

Par un manque de rendement des actifs ? Sûrement pas. Le moteur économique est en forme. La croissance mondiale se réduit. L'inflation grignote les marges réelles. Mais la création de richesses croit et perdure en dépit des difficultés.

Par un manque de confiance tout simplement !

La confiance est à ce point acquise que beaucoup oublient les risques associés à sa disparition et la galvaudent sans compter. Or comment la confiance pourrait-elle perdurer alors des monstruosités nous sont assenées dans ce domaine depuis plusieurs années. ?

Je vous fais grace de cette liste pénible qui commence avec le souflé manqué de la "nouvelle économie", puis l'affaire ENRON et plus récemment le placement éhonté de prêts techniquement non remboursables à des millions de familles. Et cerise sur le gateau leur revente sous forme de CDOs sur le marché.

En pratique, tout le monde le sait et personne ne le dit. LA CONFIANCE EST ENTRAIN DE QUITTER LES MARCHES FINANCIERS. Cet élément de confiance qui apparait justement comme une évidence jusqu'à sa disparition.

Je ne vous ferai pas l'analyse du phénomène, ni morale ni judiciaire. Mais le constat est là. Tout particulièrement dans le monde anglo-saxon.

Cette dégradation de la sécurité commence avec celle de la monnaie et les tripatouillages associés des chiffres de l'inflation et des taux d'intérêt offerts sur le marché.

Comment être confiant dans son épargne fiduiciaire lorsque les taux de l'intérêts ont été durablement en dessous de l'inflation durant près de quatre à cinq ans? Une malhonneteté collective. Mais dont l'économie va payer le prix.

Comment être confiant lorsque la fonction bancaire qui mélange désormais dans un subtil mélange le conseil et la vente, la gestion du crédit et le trading ? Provoquant des conflits d'intérêt comme autant de pousse-au-crime.

Les régulations ont sauté. Les verrous moraux sont sûrement également d'une autre époque.

Reste un système judiciaire dont chacun sait qu'il n'interviendra qu'a posteriori et qu'il ne réparera ni les préjudices financiers à leur niveau exact ni les dégats économiques collatéraux.

Dans une telle période, espérons que notre pays - et la zone Euro - seront trouver les moyens de maintenir cette confiance sans lequel l'investissement est tout simplement impossible. L'attitude des autorités monétaires est de ce point de vue essentiel.

Face à ce regain d'incertitude qui touche - au delà des produits d'ingénierie financière - également à l'essentiel, à savoir l'élément monétaire, je formule un pronostic.

La dématérialisation de la monnaie pourrait bien connaitre un surprenant retour en arrière. En souhaitant qu'il ne soit que très temporaire.

Je n'en suis à ce stade hélas pas convaincu. Le risque de régression du système monétaire et bancaire augmente désormais à chaque tentative de manipulation du dit système. Tout particulièrement aux US.

De l'honnêteté, messieurs !

mercredi 23 janvier 2008

Je pense comme l'ami Soros

Le monde a en fait changé. En si peu de temps. Ceux qui reviennent d'un voyage de tourisme industriel en Asie vous le diront. Sans pour autant trouver les mots.

Désormais la puissance industrielle est en Asie. Les US ne sont plus que le grand client traditionnel - l'ancienne puissance de tutelle fatiguée. Comme le fut la Grande Bretagne vis-à-vis des US durant les années 20.

Bien évidement, le monde ne le sait pas encore. Comme durant les années 20 et 30, l'ancienne puissance de tutelle maitrise encore presque totalement les symboles (média et arts) et, pour part, l'ingénierie financière grâce à la puissance rémanente de sa monnaie. Souvenons-nous du rôle incroyable qui fut celui de la livre Sterling ? Nos amis britanniques sont encore, pour la plupart, attachés à son fantôme.

Mais regardons les choses en face. Les US ne sont qu'une pale imitation de ce qu'ils furent durant la période qui va de 1920 à 1970.

Si la puissance des US ne s'est pas évanouie, c'est en grande partie grace au crédit accumulé, au sens propre comme au sens figuré par le dollar, "figure de tutelle" du commerce international. Et grace au formidable effort mené par une poignée d'entreprises dans les nouvelles technologies dans un dernier grand effort démarré au début des années 80.

Mais ne nous mèprenons pas. Ni Cisco, ni Microsoft ou Google ne font la planète même s'ils sont un élément essentiel de notre quotidien. Et la tentative de transformer le pays entier en laboratoire des nouvelles technologies (la fameuse bulle Internet) a montré qu'on ne saurait sauver l'ancienne puissance industrielle par un va-tout technologique. L'intelligence n'est en effet pas un bien exclusivement US. Et ce en dépit de l'excellence reconnue des universités nord-américaines.

Attention au miracle trompeur des média. Les US ne sont pas à l'image des contenus projetés à jet continu sur la planète. L'avenir est en Asie, industrieux et laborieux. La puissance ne se mesure pas à l'image véhiculée. C'est bien là-bas que s'y concoctent désormais les technologies du futur. Et que si accumule actuellement une quantité monstrueuse de capacités industrielles dans tous les domaines possibles.

Et c'est d'ailleurs en raisons de ces surcapacités - désormais financées par l'Asie et non plus par les joint-ventures du siècle précédent - que la prochaine crise capitaliste aura lieu en Asie. Et qu'elle sera sanglante.

La crise des subprimes n'est qu'une crise de crédit ordinaire. Le prochain hoquet des marchés asiatiques sera à l'image des crises qui ont émaillé la vie économique des pays au coeur du système capitaliste depuis deux siècle. Une brutale crise de surcapacité. Sans filet financier pour beaucoup des acteurs.

Dans ce contexte quelle place pour l'Europe. Une place de choix ! Celle du banquier tierce partie et du client discret. Conscient de ses forces mais également de ses faiblesses.

A cet égard, notre unité politique croissante est désormais aussi importante pour l'avenir de nos enfants que la qualité de notre économie. Ne l'oublions pas.