vendredi 14 décembre 2007

Pourquoi l'or-métal va se comporter royalement

Petit exposé rapide sur mon sentiment concernant l'or-métal. Je ne prétend pas couvrir le sujet avec exhaustivité ni objectivité. Un point de vue de plus.

L'or-métal va faire l'objet d'une re-découverte par de nombreux particuliers fortunée sur la planète. Détaillons pourquoi.

Le métal jaune métal possède une valeur anxyolithique intrinsèque. Et nous sommes à l'orée d'une guerre monétaire, ou plutôt d'une spirale monétaire négative sur les trois grandes zones monétaires mondiales (US, asiatique, européenne), Je ne développera que modérément l'argumentaire par manque de temps mais reprenons rapidement.

CONCERNANT LA VALEUR ANXIOLITHIQUE de notre précieux métal,on relira "l'avare" de Molière et la copieuse littérature sur ce sujet ... L'or-métal a cette remarquable qualité d'être doté d'une valeur résiduelle élevée dans les pires conditions. En ces temps de déroute bancaire, le fait d'être sans contrepartie dans le système bancaire, ce n'est pas un mince argument.

L'effondrement en cours de la dette privée US - on peut s'attendre au pire -va rappeler à tous qu'une obligation ("security" en anglais ourf!) n'oblige en pratique que celui qui l'achète ... Sauf à disposer d'un environnement monétaire, juridique et fiscal favorable comme celui dont a bénéficié la finance anglo-saxonne depuis 1945.

Les clients de l'obligataire privé - à 60% aux US - et notamment ceux qui recherchaient l'introuvable AAA privé, vont faire migrer une part de leurs avoirs désormais en péril vers l'or.

Dans la mesure où cette re-découverte de l'or-métal est pour beaucoup une véritable primo-découverte, je ne m'attends pas, contrairement à beaucoup de "gold bugs" à un pic brutal façon 1980 mais bien à une montée longue et inexorable de la valeur du précieux métal.

CONCERNANT LA SPIRALE MONÉTAIRE NÉGATIVE, je me suis déjà largement exprimé sur les forums bourso. Le fonds de l'argument est à trouver en Chine, non sur la côte mais bien dans les régions reculées du pays. Le gouvernement chinois pratique depuis des années une politique de dumping monétaire en accrochant le yuan directement au cours du dollar.

Si cette politique était justifiable en période de dollar fort ou raisonnablement faible, la poursuite de cette politique monétaire aujourd'hui est à la fois économiquement et socialement dangereux et surtout financement inepte.

En fait aujourd'hui la Chine possède une infrastructure industrielle très largement suffisante pour faire face aux besoins actuels de la planète (sauf à supprimer toute industrie ailleurs sur la planète ...). Or le pays continue de sous-évaluer agressivement sa monnaie et poursuit sa politique d'investissement sans faiblir. Car désormais toutes les régions de la Chine, sauf les plus reculées, veulent ce que la côte a obtenu. Un niveau de vie se rapprochant de à celui des autres pays industriels. C'est évidement impossible pour d'évidentes raisons de marché.

IL serait financièrement sain et économiquement judicieux de voir l'investissement industriel faiblir en Chine. Il serait temps également de laisser pour un temps la monnaie respirer et remonter mécaniquement entrainant à la hausse le pouvoir d'achat de sa population tout en stabilisant durablement l'inflation. Et pourtant nous avons toutes les raisons de penser que Pékin, arbitre de toujours entre la côte occidentalisée et les campagne réservoir historique de l'armée et soutien du parti, choisira de soutenir les "campagnes". Et d'ignorer la position de la "Bank Of China" désormais favorable à une montée progressive du Yuan.

Au final, la Chine va dans les prochains mois laisser sa monnaie plonger avec le dollar (dont le sort est connu de tous ici) entrainant à sa suite le YEN et toutes les monnaies de sa zone. Afin de poursuivre "son grand bond en avant". A marche forcée. Le président s'est exprimé récemment à ce sujet. Son discours ne laisse place à aucun doute sur les intentions du régime.

Dans un contexte de dévaluations compétitives sauvages, les monnaies des grand pays industriels vont s'aligner partiellement pour faire face aux sur.capacités, seules les monnaies tierces (celles des producteurs de matières premières) vont tenir AMHA. Que va faire notre Euro et les monnaies de sa zone (GBP et monnaies nord et est-européennes) ... Monter relativement certes. Mais cela ne pourra durer. Pour d'évidentes raisons, Jean-Claude Trichet devra lâcher la bride. Pour sauver non EADS mais bien le secteur automobile européen.

Cette situation d'affaiblissement massif et systématique de toutes les monnaies-papier va permettre d'éviter une déflation généralisée mais elle ne peut que renforcer le rôle de référent monétaire de l'or. Tant auprès des anciens riches, les pays industriels en concurrence sauvage les uns contres les autres, et les nouveaux riches positionnés en arbitres.

mercredi 3 octobre 2007

Pourquoi il faut relire le grand Ludwig

En 1912, Ludwig Von Mises produit un ouvrage théorique déterminant et fondateur sur la monnaie (Théorie de la monnaie et du crédit) dans lequel il montre l'importance majeure des taux d'intérêt sur l'économie.

Qu'est-ce que le taux d'intérêt ? Une indication claire de la préférence du marché pour l'investissement vis-à-vis la consommation immédiate ? Le fameux "je loue ou j'achète ?"

En réduisant artificiellement les taux d'intérêt sur une longue période (via les taux directeurs des banques centrales), on augmente considérablement et artificiellement LA PERCEPTION DE L'INTÉRÊT DES INVESTISSEMENTS A LONG VOIRE TRÈS LONG TERME. Au point de rendre certains investissements totalement déraisonnables ... attractifs.

L'inflation s'en suit mécaniquement et la tolérance des marchés reflue brutalement. Ceux-ci veulent un retour sur cash beaucoup plus assuré et plus immédiat.

La masse monétaire finit par se contracter et une recesssion brutale a lieu. C'est toute la logique des cycles économiques que nous vivons.

Nous avons vécu une période incroyablement longue d'argent bon marché (en dessous de l'inflation réelle). Notamment aux US et en Chine. Et les choix des acteurs économiques ont été effectivement faussé durablement sur toute la planète.

Les exemples les plus frappants :
- l'immobilier de loisir utilisé 2 mois par an .... qui a littéralement couvert nos littorals (de la France à la Floride en passant par les côtes espagnoles) sans la moindre perspective de pay-back,
- le surinvestissement dans la nouvelle économie en 2000 suivie de près par les développements industriels des deux dernières années en Chine avec des business plan vraisemblablement dignes de "Perrette et le pot au lait"

Plus près de chez nous ... L'immobilier français genre Robien fait un fameux cas d'espece pour les théories du grand Ludwig.

En réduisant artificiellement les taux d'intérêt sur une longue periode (via les taux directeur), on augmente considérablement la PERCEPTION de l'intérêt des investissements à long voire très long terme. Au point de rendre certains investissements totalement déraisonnables ... attractifs.

L'inflation s'en suit mécaniquement et la tolérance des marchés reflue brutalement. Ceux-ci veulent un retour sur cash beaucoup plus assuré et plus immédiat.

La masse monétaire finit par se contracter et une récession brutale a lieu. C'est toute la logique des cycles économiques que nous vivons.

Nous avons vécu une période incroyablement longue d'argent bon marché (en dessous de l'inflation réelle). Notamment aux US et en Chine. Et les choix des acteurs économiques ont été effectivement faussé durablement sur toute la planète.

Les exemples les plus frappants :
- l'immobilier de loisir utilisé 2 mois par an .... qui a littéralement couvert notre littoral (de la France à la Floride en passant par les côtes espagnoles) sans la moindre perspective de pay-back,
- le surinvestissement industriel en Chine avec des business plan vraisemblablement dignes de "Perrette et le pot au lait"

L'immobilier français genre Robien un fameux cas d'espece pour les théories du grand Ludwig.

mardi 25 septembre 2007

Message aux banquiers perma-bull

Message sans apprêt ni relecture réalisé en réponse au eniéme message d'un banquier permabull intervenant régulièrement sur le forum CAC de boursorama sous le pseudo myboubou.

Difficile de donner toute la construction intellectuelle qui vous amène à être bear. Une chose est certaine, la profession banquière et financière est encore très largement bull dans son ensemble. AMHA pour des raisons qui touchent plus à la psychologie des foules qu'à l'argumentation technique.

La profession "telecom-systèmes d'info" était bull jusqu'à la crise (j'ai donné merci ...). Myopie compréhensible. Écoutez le message de Trichet en marge de Davos. Lire le dernier rapport du FMI sur le sujet. AMHA ils sont également bien informés. C'est à la marge des systèmes que se trouvent la lucidité et non dans le fameux et presque risible consensus des analystes.

Les investisseurs individuels qui prennent le temps de la réflexion et de la recherche d'information sont beaucoup plus lucide. Et chez eux désormais AMHA le sentiment bear est majoritaire.

Un pointeur macro-éco de TRES GRANDE VALEUR, le blog de roubini. Concernant l'immo US le blog "calculated risk. Et sur la catastrophe annoncée dans le petit monde de la dette privée (US à 80%...), le blog "sudden debt" par un professionnel de la question.

J'insisterai sur Roubini. Ce type est une très très grosse pointure. Sa capacité d'investigation est sidérante et son tempérarement visiblement hors norme. L'intégralité de son blog depuis 12 mois est à lire s'il on souhaite se faire une idée complète sur la planète bear (je ne parle pas des pales copies millénaristes tout aussi ridicules qu'un vendeur de titres d'Eurotunnel à la grande époque ...).

Je relève juste deux points de votre post. Et argumente sans en avoir le temps.


PREMIER POINT

"à l'exception du segment des "subprime mortgage", les ménages US "prime" (soit 90% des encours hypothécaires US) restent solvables et le taux de défaut sur cette catégorie reste stable (alors qu'il progresse depusi début 2006 sur le "subprime" et s'élève actuellement entre 10 et 14%),"

Pas le temps d'argumenter sur le fonds. Notez cependant que :
- tout l'immobilier est touché, la distinction subprime/prime est réductrice. L'ensemble des prêts ARM vont percuter le marché. Ce n'est pas du subprime. Les Robien sauvages (le fameux flipper de Miami par exemple) est entrain d'exploser. Ce n'est pas du subprime non plus. Last but not least, l'immo business est le suivant sur la liste. Là encore ce n'est pas du subpprime. Consultez l'historique de "calculated risk" sur ces sujets,

- la situation en cash d'un ménage américain moyen est négative avec un encours mobilisable moyen inférieur à 4000 Dollars (y compris les comptes en tous genres ...)

- que la dette liée à la consommation de la "middle class" a continué à croitre sur un rythme de 11% durant le premier semestre (un rythme de cavalerie),

- qu'il est malencontreux d'inscrire les en-cours boursier dans l'épargne des ménages car leur distribution dans la population est complètement inégale. Tout particulièrement depuis la rincée du nasdaq. Seules les grandes fortunes disposent de cette épargne. Et les US sont la nation la plus inégalitaire sur le plan patrimonial des grands pays industriels (dernière étude OCDE sur le sujet).

Toute la dette privée US est désormais à mettre sous surveillance rapprochée. Et ce n'est pas avec une caution des officines publiques, genre Fannie Mae, que l'on pourra redresser ces marchés.


SECOND POINT :

"- la croissance mondiale reste forte (environ +5% de croissance du PIB l'an prochain), tirée toujours par les pays émergents, et qui demeurent moins dépendants de l'économie US grâce à l'essor de leur marché intérieur,"

Totalement exact. AMHA c'est la vraie bonne raison d'être BULL. Mais penser que ce sont les actionnaires des bourses des vieux pays qui vont encaisser les dividendes de cette prospérité, c'est du rêve.

Un contre-argument à court-terme:

La dépendance de l'Asie de nos pays est plus élevée que les chiffres ne le laissent croire. Une grande partie de la confiance des marchés sur la capacité de l'économie asiatique de supporter un défaut de sa clientèle à risque (US) tient à l'augmentation considérable des échanges intra-asiatques.

Des études précises sur le sujet montrent cependant qu'une part très importante de ces échanges ne sont liés qu'en partie à la montée en charge d'un consommateur asiatique. La mise en place d'une puissante division du travail sur l'échelle asiatique tient une large part dans la montée des échanges dans la zone Asie, les chinois assurant l'intégration industrielle, le Japon et la Corée les apports technologiques, les autres pays assurant des rôles de sous-traitant.

Il ne convient pas de surévaluer le terme galvaudé de resilience des marchés. Elle a ses limites même en Asie ...

AMHA l'industrie chinoise est totalement en surchauffe avec des plans sur la comête et des suréquipements massifs. Je suis intimement convaincu ques les chinois n'ont pas pris la mesure de l'état exact des finances de leurs clients, ni même des leurs.

Ils mettent en place une industriel ultra-moderne (regardez les excédents allemands ...) Et pour autant leurs systèmes financiers sont largement immatures. Pour des raisons évidemment politiques. Au début de cette année, le chèque et le virement bancaire étaient encore inconnus de la plupart des chinois de Shangai. Alors voir arriver une crise du surinvestissement.

Si une pause va avoir lieu, elle aura des conséquences boursières importantes sur la zone. Seule l'Inde présente AMHA un modèle de développement équilibré à risque faible.

Au final sur l'Asie le déséquilibre production/consommation nous dirige vers une de ces crises court-terme d'hypercapitalisme dont Marx avaient prévu à tort qu'elles toucheraient l'Allemagne. Le capitaine d'industrie féroce qui étrangle ses ouvriers et se retrouve sans clients. Quel etonnant et triste paradoxe pour un pays communiste.

SEULE UNE REMONTÉE DANS LES DÉLAIS DES MONNAIES ASIATIQUES LES PLUS SOUS-ÉVALUÉES PEUT ARRÊTER LE PHÉNOMÈNE. Ne comptons pas sur le gouvernement chinois pour cela. Pour des raisons politiques, donc mauvaises en ce domaine. Les autres pays sont liés à la Chine par cette chaine de sous-traitance. Et c'est donc toute l'Asie qui à court terme va manquer à son rôle attendu de "nouveau moteur de la consommation".

mardi 11 septembre 2007

la Chine file un MAUVAIS COTON

la Chine file un TRÈS MAUVAIS COTON. Le problème n'est pas économique mais financier et, in fine, politique. De politique intérieure. Pourquoi ?

En décidant - pour créer de l'emploi et de la richesse industrielle - de continuer sa politique de monnaie ultra-faible (USD pegging), le gouvernement chinois a pris une option qui est financièrement et politiquement dangereuse.

Face au flux de paiement des exportations (USD, EUR,YEN ...), les autorités chinoises impriment effectivement du yuan à jet continue sur le marché chinois (artificiel et non convertible) pour maitriser la valorisation de leur papier.

Cette inflation est un phénomène technique non maitrisable associé au maintien artificiel de taux de change bas. Mais elle sanctionne massivement le salarié (revenus et épargne fixes) aux dépens de "l'homme d'affaires" (revenus indexés) dans son pouvoir d'achat.

Mais ce n'est finalement pas le plus sérieux. En truquant la carte monétaire les autorités chinoises augmentent :
1) la propension du pays à investir dans l'INVESTISSEMENT PRODUCTIF d'exportation car le marché intérieure ne démarre pas (par insuffisance de pouvoir d'achat),
2) celle de l'épargnant à prendre une posture d'abord défensive puis totalement spéculative contre la hausse des prix de base induite sur les actifs immobiliers et surtout boursiers (plus de 100 millions de comptes ouverts récemment ....).

EN LUTTANT PAR L'INFLATION CONTRE UN AJUSTEMENT MONÉTAIRE NATUREL ET SAIN, les autorités chinoises ont donc très vraisemblablement contribué à :
1) augmenter massivement excessivement l'offre industrielle chinoise par le surinvestissement,
2) une mauvaise allocation des ressources via la spéculation boursière et et immobiliere,
3) repousser l'irruption du consommateur indigène (dont le pouvoir d'achat suit le dollar à la baisse !!!) dans le circuit économique de nombreux produits industriels,
4) déséquilibrer le partage de la richesse au profit de la nouvelle bourgeoisie d'affaires, de l'état chinois et de la nomenklatura.

Or dans le reste du monde la demande en biens durables va se réduire temporairement avec la fermeture du robinet du crédit à la consommation dans les pays fonctionnant à découverts, LE RISQUE DE SURCAPACITÉS INDUSTRIELLES MAJEURES ET DURABLE EST DÉSORMAIS TRÈS ÉLEVÉ. Et ce dans de très nombreux secteurs.

La liste des ces pays sur-endettés et aux balances extérieures déséquilibrée n'est pas longue (US, GB et l'essentiel de l'ancien Commonwealth, Espagne ...). Mais les US qui en représentent l'essentiel vont voir le crédit à la consommation s'étrangler prochainement. L'effet d'entrainement, de domino est hélas très probable. Une déflation massive sur les prix industriels planétaire est non seulement probable mais quasiment écrite si LES CHINOIS NE LAISSENT PAS LE YUAN FLOTTER PROCHAINEMENT.

Alors quand aurons-nous l'alerte rouge ?

AMHA Nous n'y sommes pas heureusement. Mais à tout moment la confiance peut quitter Shanghai. Car les résultats financiers vont apparaitre. En 2008 ils seront là.

Le mouvement peut-il se précipiter ? Oui mais pas sans évènement politique. Pourquoi ?

Le modèle de croissance chinois est basé des investissements (avec des mises en place longues). Nous n'aurons pas les bilans assez tardivement.

Un peu comme pour la nouvelle économie. Lorsque les nouvelles capacités industrielles chinoises vont commencer à peser lourdement sur les marchés internationaux et que les instruments financiers et comptables ne pourront plus rien masquer.

Je pense que c'est un évènement extérieur à la vie économique locale qui va déclencher la difficulté sur le s marchés chinois. Et je ne lis pas dans le marc de café.

IL EST ENCORE TEMPS DE REDRESSER LA BARRE MONÉTAIRE PAR UNE RÉÉVALUATION MONÉTAIRE SUR L'ASIE (YUAN, YEN et satellites).

C'EST SOUHAITABLE POUR LA PLANÈTE. MAIS JE N'Y CROIS PLUS.

DÉSOLÉ. LA CHINE N'EST PAS UNE DÉMOCRATIE ET IL Y A TROP D'INTÉRÊTS PRIVÉS A LA POURSUITE DE CETTE MAUVAISE POLITIQUE.

PS: ces spéculations sont personnelles et issues d'un simple travail de réflexion sur des éléments repris dans la presse internationale et sur des blogs internationaux de langue anglaise. On peut ne pas y souscrire. Mais les logiques économiques fondamentales sont bien souvent têtues.

vendredi 4 mai 2007

Chine : argumentaire pour les bears

Aujourd'hui on vend la lune aux investisseurs notamment en Asie. Le marché monte, monte et personne ne voit de raison valable à une baisse des anticipations.

Demain sera meilleur qu'aujourd'hui. Les sociétés cotées ont un avenir radieux. Et à en croire les analystes, les titres - et exclusivement ceux cotés au premier marché - sont encore incroyablement bon marché.

La situation des US se détériore aux US mais n'inquiètent visiblement que les bilieux et les dépressifs.

Pourquoi ? Parce qu'un mythe vient de faire son apparition, celui de la Chine, un nouveau Far West. Mais un Far West light. Avec ses mines d'or bien sûr. Et ses troupeau de bison. Mais sans les indiens, la guerre de sécession et ses crises à répétition (les fameuses panics de la seconde partie du XIXeme siècle).

AMHA la situation est installée et ce mythe soutient solidement les marchés.

Seule une crise en Asie et spécifiquement en Chine est en mesure de percuter ce mythe et de déclencher la correction salutaire nécessaire.

Nous en avons eu un premier aperçu en février. Ce n'était finalement qu'une quinte de toux vite oubliée sans véritable fondement.

EN BREF SI VOUS ATTENDEZ L'AJUSTEMENT REGARDER VERS L'EST ET NON VERS L'OUEST. MÊME UN NOUVEAU 9/11 NE FERA PAS CHUTER WALL STREET. C'EST D'ASIE QUE VIENDRA LA GRIPPE.

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Qu'est-ce qui va déclencher la crise. Je vois deux facteurs essentiels sur l'Asie. Un risque macro-économique à court terme, celui de surcapacités massives. Un risque patrimonial, à moyen terme celui-là.

1 - le risque de sur-capacité
La croissance mondiale a enregistré de fabuleuses années. Avec des taux de croissance impressionnant.

Les capacités de production explosent en Asie. La Chine est l'usine du monde. Et pour autant la consommation intérieure chinoise reste incroyablement faible.

Les raisons, on l'aura compris, sont nombreuses et partiellement politiques. L'état chinois TRÈS NATIONALISTE construit sur la sueur des générations actuelles - à la manière des capitalistes européens du XIXeme - l'industrie de leur pays. Pékin affranchit la Chine des 200 années de faiblesse et d'humiliation coloniale.

Mais au final ce pays vient de mettre en place un dispositif économique totalement déséquilibré (50% du PIB dans l'investissement). Et le pays ne peut que générer des excedents structurels massifs, avec tous ses partenaires.

Celà peut-il durer ? Évidement non. Et d'autant moins que l'un des clients, les US, va prochainement mettre le genou à terre et que la monnaie de réserve destinée aux stockage des excédents perd rapidement de sa crédibilité.

Ne pouvant plus utilement stocker ses excédents sous forme monétaire, la Chine va devoir à la fois trouver d'autres moyens de stockage de ses excédents et établir des relations plus équilibrées avec ses clients.

Le pourra-t'elle à court terme ? Nous avons toutes les raisons d'en douter. L'avènement d'une société de consommation dans ce pays pose des problèmes politiques qui ne seront pas surmontés dans un avenir proche. A court terme il semble que l'afflux de liquidités dans le pays provoque un surcroit de spéculation. On peut

Une crise de surinvestissement est non seulement possible mais vraisemblablement inévitable.

2 - le risque patrimonial
Il est loin d'être assuré que les entreprises occidentales pourront RAPATRIER de gros revenus de pays comme la Russie ou encore la Chine. Les coups tordus du gouvernement russe sont sur la place publique. Alors attardons-nous sur l'eldorado chinois. De Danone à Alcatel, même les champions occidentaux rencontrent des difficultés à contrôler leurs opérations en Chine.

Il fut un temps où la France - nationaliste - favorisait fortement ses champions nationaux aux dépens des multinationales étrangères. La Chine fera de même. et protègera ses propres intérêts avec efficacité ...

Nous y trompons pas. Si l'état chinois a facilité l'implantation de structures exportatrices qui contribuent fortement à sa balance extérieure, il sera beaucoup difficile de remonter des dividendes importants d'entreprises tirant parti du marché chinois.

Seules les entreprises dotées d'une position technologiques ou de marché TRÈS fortes sortiront gagnantes du bras de fer en Asie. Je n'achète absolument pas en particulier le scénario d'une ouverture durable du monde des services financiers chinois aux opérateurs occidentaux.

Nous ne sommes ni à Londres ni à New York. La Chine sort d'un épisode colonial douloureux. Il est surement présomptueux de l'oublier.

mercredi 4 avril 2007

DOW et NAS sont entrain d'envisager à nouveau les plus hauts

DOW et NAS sont entrain d'envisager à nouveau les plus hauts alors que les fondamentaux se dégradent aux US. Je ne comprend pas. Celà ne me plait pas. Et me met clairement mal de mauvais poil.

Sur ce sujet je n'achète pas la théorie du complot. Le style "Bush et Paulson manipulent les marchés". Très peu pour moi. Même si cela fait un bon sujet de polar ou un article croustillant (cf. l'article du New York Post).

www.nypost.com/seven/04032007/business/hank__why_are_you_ignoring_my_foia_requests__business_john_crudele.htm

J'achète plutôt la complaisance individuelle des dirigeants et des journalistes, l'avidité peu responsable des gestionnaires de fonds et la bêtise collective des marchés et des investisseurs.

Si l'on regarde au delà de l'habituel consensus mou autour de ce qui a fait la croissance de ces dernières années, que constate-t-on aujourd'hui mercredi 4 avril ?

1 - que les marchés financiers US - désormais inquiets pour l'état du patrimoine des ménages US immobilier - ont écouté avec révérence les informations de David Lereah. Et les marchés y compris le NIKKEI ont pris pour "argent comptant" son appréciation d'agent immobilier en chef sur le niveau des transactions immobilières. Et un fameux rebond de .7%.

Y compris quand les statistiques sont réalisées et désaisonnalisées dans la plus totale absence de transparence (cf site realtor).

Pourquoi suis-je en colère ? Parce la planète est au courant du désastre en cours et qu'elle fait semblant de croire un agent immobilier sur l'état de son business.

http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601087&sid=afeIHpPBkqTg&refer=home

Pour plus d'informations sur le facétieux et manipulateurs Lereah, on peut consulter le peu transparent site de la FNAIM US et un blog humoristique lui est dédié.

http://www.realtor.org/
http://davidlereahwatch.blogspot.com/

2 - que les indicateurs d'activité et de consommation US sérieux ne sont pas à l'orange mais bien au rouge. Les ventes de véhicules sont en baisse générale, au alentours de 4% d'une année sur l'autre. Le secteur industriel vit une forte contraction de ses rentrées financières (dollar collections - 7,8% selon l'étude CMI).

Le secteur de la construction neuve résidentielle est lui carrément dans la tourmente. Le patron du Bouygue US, Horton, annonce clairement "2007 Is Going to 'Suck'" et se refuse à tout pronostic clair. De la part d'un industriel cela indique une dégradation massive et grave des conditions du marché. On s'en doutait.

http://www.nacm.org/resource/press_release/CMI_current.shtml

http://www.forbes.com/feeds/ap/2007/03/07/ap3495962.html

3 - que les marchés obligataires sont entrés dans un mutisme qui sied à l'argent quand il doute. Les milieux chargés de la gestion patrimoniale sont désormais dans une logique non plus d'accroissement de la richesse mais de "préservation du capital". La crainte est là diffuse. Le réseau Bloomberg annonce clairement la donne. Et c'est bien. Merci pour leur neutralité.

Le milieu bancaire lui-même ne sera pas épargné. Le secteur - a priori au dessus de tous soupçons en raison de sa règlementation exigeante - va pourtant payer lourdement ses relations incestueuses avec celui des "funds" sans fonds et des "securities" sans sécurités.

Un "credit crunch" de grande ampleur se préparerait-il dans la plus grande discrétion ? Allez voir votre banquier et demandait lui un gros credit CE MATIN. Je pense que vous aurez la réponse. Mais peut-être l'aviez-vous déjà.
Vous vous en doutiez, nous aussi ! Les milieux financiers n'aiment pas les trous noirs.

http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601170&sid=aKRGlm3vCAX8&refer=home
http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601087&sid=aMk6nAu9pGoI

Merci à William Rhodes, président de la citibank de nous alerter sur la nature des risques. Il est cependant bien seul à tirer sur la sonnette d'alarme (lire notamment son article FT Times du 28/3 "A market correction is coming, this time for real"), à Stephen Roach de Morgan Stanley, toujours vigilant et surtout à Nouriel Roubini pour son examen remarquablement anticipé et sans concession de l'incroyable bulle immobilière US.

J'ai perdu un peu de l'argent gagné en 2006 sur un pari "bearish". Est-ce grave ? Pas tant que cela. Mais surtout je ne comprend plus le marché. Si cela persiste je sors mes modestes billes et achète des Naps.

mercredi 7 mars 2007

Mon scénario gold

Je spécule sur un scénario déflationniste à CT lorsque les détenteurs d'actifs, bourse en tête, prendront vraiment en compte les TRÈS mauvaises nouvelles qui filtrent actuellement concernant la situation US. Le système en place (basé sur un dollar cher et paradoxalement empruntable à des taux ridiculement bas au regard de l'inflation réelle et surtout des risques) va se vautrer assez brutalement. Pas cette fois-ci sans doute car les mauvaises nouvelles ne font que commencer à transpirer. Mais ce système basé sur un crédit sans contrôle est épuisé.

Dans ce type de scénario, l'or ne devrait pas repartir sous la poussée de ce système inflationniste à bout de souffle (hedge, banques anglo-saxonnes qui traitent l'or comme un simple support technique de spéculation) mais à partir de la demande beaucoup plus pérenne des détenteurs de créances de LT (Golf, Asie).

Ce n'est pas fait et je fais le pari que ce redémarrage n'interviendra qu'après une période de rupture déflationniste du système en place. Bref pas sans une crise de liquidité.

Paradoxalement je suis confiant contrairement à certains notament Alex sur le comportement de l'or en période de déflation. Car de nombreux opérateurs financiers ne seront pas en mesure de résister à un "argent cher". E n dépit du credit crunch l'or devrait, contrairement aux MPs, résister dans un mouvement désordonné de "flight to safety" avant que - scénario bien connu - les politiques ne flinguent définitivement leur monnaies respectives dans une belle harmonie internationale.

Nous serons ici dans un scénario bien connu de ceux qui ont connu les années 70. Petit minute d'émotion pour ceux qui ont vu leurs proches compter les naps devant l'écran de télévision noir et blanc !

Parmi les mesures qui devraient pousser notre bon vieux métal jaune, on peut envisager hélas tout un florilège de mesures inattendues au pays du capitalisme libéral face à la dureté des temps,
- soutien "à bout de bras" de son système financier défaillant et une politique quasi-socialiste de type "droit au logement" face à une montée dramatique des foreclosures,
- mise en place d'une floppée de mesures sociales ayant un impact très négatif sur les finances publiques (emploi, santé, retraite).

Et là nous assisterons une remontée durable des métaux précieux avant qu'un nouveau SMI ne mette en place. Nous n'en sommes pas encore là.

My .02 cents ...