lundi 12 janvier 2009

2009 - Reconnaitre que l'on ne sait pas ...

Pour 2009, comme beaucoup de bloggers de la sphère finance j'ai été tenté de sortir ma liste de prédictions précises pour l'année 2009. Je ne risquerai qu'à des considérations générales. Voilà pourquoi.

Après avoir eu des opinions tranchées en 2007 et 2008, le marin reconnait qu'il ne sait pas établir de pronostic sérieux et des paris raisonnables pour 2009.
Le paysage météo - la situation monétaire - est trop instable pour justifier des paris spéculatifs et moins encore une posture d'investisseur.

Je n'ai sorti dans mon dernier post "épargne" que quelques recommandations générales et suis resté évasif sur le fonds.

Le marin renouvèle ses recommandations de prudence autour d'une position d'attente en liquidités Euros et en métal jaune assortie pour les plus courageux d'une spéculation à la marge sur le marché des changes ou de matières premières. Histoire de "rester en jambes" ...

Pour le reste, je me retrouve bien dans les positions récentes de Bill Fleckenstein. Pour lequel le marché n'est pas assez lisible pour que l'on puisse prendre le risque d'un quelconque pari.

S'il y a bien un discours que l'on peut tenir c'est bien celui de Bill, à savoir une reprise technique des marchés - d'ailleurs largement entamée - et, selon toutes vraisemblances, destinée à avorter avant la seconde partie de l'année. Puis la reprise d'un dérapage sur toutes les classes d'actifs. De l'immobilier aux actifs industriels.

Vous noterez que ce discours reste atypique et clairement inversé par rapport à celui volontariste de la plupart des professionnels du secteur de la gestion de patrimoine persuadé du "retour à bonne fortune" des marchés-action. Souvent durant la seconde partie de l'année.

Le marin persiste et assumera l'erreur sur son blog le cas échéant. Mais c'est s'il a bien une conviction c'est que les actifs cotés vont continuer d'être peu attractifs.

Entre surcapacités de production majeures et des relais de consommation qui tardent désespérément à apparaitre en Asie, l'activité industrielle - celle qui constitue le creuset de notre économie marchande - est désormais peu rentable et donc peu attractive. Sur l'ensemble de la planète. Et ceci pour la premières fois depuis de nombreuses années sans exception. Pas même en Asie ou en Europe de l'Est ... Les surcapacités sont partout. Et les clients solvables l'Arlésienne.

Pourtant même en période difficile, le dynamisme d'un marché est doit plus à la présence des liquidités qu'à celle de la perspectives de rendement.

Le marché-action pourrait être être sensible à la présence de liquidités. Car ces liquidités sont toujours présentes. Elles sont cependant désormais massivement aux mains de tiers non issus de l'OCDE, en Asie notamment.

Les actifs cotés en bourse pourraient être attractifs si ... Les occidentaux acceptaient le rachat de leurs entreprises cotées par leurs créditeurs obligataires internationaux.

Une décision politiquement intenable. Juridiquement introuvable. Et techniquement irréalisable. Nos dirigeants préfèrent que ces détenteurs de liquidités les placent dans des solutions sans impact à court terme sur les structures de pouvoir de nos pays, les bons du trésor occidentaux.

Pour l'instant, l'argent obéit ... Et va se placer, sans trop de question sur des actifs sans rendement ni avenir, des dettes publiques qui sont sur le point d'échapper à leurs émetteurs, des états-nations à la démographie affaiblie et ... à cours de rentrées fiscales.

Les marchés-actions vont donc continuer de souffrir. Alors dans ce contexte d'étranglement progressif de la liquidité, pourquoi ne pas continuer la vente à terme sur les marchés ?

Votre serviteur n'investit désormais que les risques relativement maitrisés et c'est pourquoi il a mis un terme à ses shorts moyen-terme courant octobre 2008. Il lui semble que seules les entreprises des secteurs industriels localisées dans le Sud de l'Europe - et donc condamnées par la seule politique monétaire orthodoxe de la planète, celle de la zone Euro - sont à ce jour des supports fiables de short ...

C'est peu et insuffisant pour que les marchés aillent au terme de leur effondrement. Je pense que les monnaies vont faiblir et que l'inflation va progressivement reprendre la place qu'elle avait perdu dans le paysage financier.

Vendre à terme les marchés-actions en période d'émission monétaire massive reste un risque trop élevé pour un épargnant ordinaire.

Ce risque est d'autant plus élevé que les récentes décisions des autorités chinoises de relâcher leur propre politique de crédit vont également dans le même sens, celui du choix de soutenir les acteurs économiques aux dépens des détenteurs et pourvoyeurs de crédit. Au final, entre les US, la Chine et quelques périphériques incontournables c'est bien la moitié de la planète économique qui a fait le choix de la destruction des instruments monétaires. Cela évitera aux autres grands argentiers de faire un choix. Celui-ci a été effectué par défaut et sans véritable concertation par Washington et Pékin.

Rappelons à tous qu'en raison de l'arrimage monétaire de fait existant entre dollar et yuan, la politique monétaire laxiste des uns (US) renvoie mécaniquement à une politique de crédit déraisonnable chez les autres (Chine).

Cette destruction monétaire sera-t'elle progressive et organisée ? Ou échappera-t'elle à ses concepteurs ? Le marin a son avis et vous le connaissez.

En tentant de contrarier littéralement au forceps la rétraction naturelle du crédit sur les marchés à l'issue d'une période d'allocation inefficace de l'épargne mondiale, les autorités monétaires et politiques sont vraisemblablement entrain d'ouvrir la boite de Pandore. Rappelons que, selon la légende, cette boite contenait les maux de l'humanité ...

Revenons à notre sujet pour conclure sur le comportement prévisible des marchés en 2009?

Si le marin a une une certitude c'est bien celle que le sauvetage du secteur financier par les autorités politiques s'est faite sans contrepartie politique en termes d'encadrement.

Les fameuses liquidités sont effectivement de retour dans le système financier en quantités importantes en raison de la politique des grands argentiers. Mais rien ne garantit que ces liquidités ne choisissent des vecteurs de placements souhaitées par les autorités politiques et monétaires. A savoir un mélange politiquement correct d'achat de crédits sur les marchés de la dette privée - il faut tout relancer - et publique - il faut tout soutenir ...

Dans ce contexte, le risque d'un nouveau run sur les matières premières est des plus élevés. Beaucoup plus que celle d'un rallye durable sur les marchés-actions désormais sans perspectives claires.

Dans la mesure où les autorités n'ont pas su - comme elles auraient du le faire en temps utile - encadrer les marchés de matières premières en en réservant l'accès aux aux seuls acteurs vraiment concernés, tout peut désormais arriver très rapidement dans ce secteur. Car il n'est hélas pas exclus qu'en cas de tensions sur ces marchés des considérations géopolitiques voire stratégiques exogènes ne viennent affoler encore un peu plus les comportements.

La course aux matières premières pourrait prendre des formes hélas moins pacifiques qu'en 2007.

Comme toujours, rappelons qu'il s'agit bien ici d'opinion d'épargnant. Ces avis ne sont pas ceux d'un professionnel et ne sauraient valoir conseil financier !