mardi 27 janvier 2009

Etre positionné cash en Euros ?

Pour l'épargnant ordinaire, la question ne se pose pas. Pour des raisons évidentes, tenant à la fois du bon sens - ses dépenses sont pour l'essentiel en Euros - et des raisons règlementaires et fiscales, son cash est en Euros. Sous des formes et avec des échéances variables.

Le placement en euros est celui de l'évidence pour un ressortissant de la zone Euro, est-ce un placement de raison ? C'est avec un regard, non de citoyen, mais bien d'épargnant critique sur les évènements des derniers mois que je vous propose d'examiner les dynamiques commerciales à l'œuvre tant sur les marchés des monnaies que sur celui de l'épargne.

Depuis quelques mois, durant le dernier trimestre 2008, les média économiques puis les colonnes économiques des supports grands public entonnent le couplet de la déflation. Rejoignant en cela des analystes francs-tireurs tels que Mike Sheldock ou, plus près de nous culturellement, Loïc Labadie.

Je n'apprécie pas ce mot de déflation, largement associé à des images historiques fortes. Le terme décrit des situations datées précises et durables et dont le dernier avatar fut la période qui a suivi la crise financière japonaise de 1990.

Nous ne sommes ni en 1990 ni surtout dans le circuit relativement fermé de la finance japonaise de cet époque. Revenons donc sur ces définitions lancées à l'automne 2008 pour qualifier la situation en cours.

La déflation c'est bien sur d'abord une baisse significative de la masse monétaire en circulation. Mais dans l'esprit de tous elle s'accompagne d'un corolaire immédiat, une baisse des prix accross the board dans un contexte de surcapacité et de flexibilité du système économique et social.

Cette baisse forte de la masse monétaire s'accompagne donc d'une baisse des prix des actifs spéculatifs qui ont soutenu le boom précédent mais également une réduction de l'activité économique. Ce qui déclenche, en raison des surcapacités en moyens de production, une baisse des prix industriels, des salaires et, bien sûr, baisse des prix à la consommation.

C'est clairement le schéma auquel les économistes associent la période en cours. Avec comme conséquence immédiate pour la gestion patrimoniale ... la préférence absolue pour le cash et le rendement même faible des placements obligataires.

Nous n'avons pas sur ces forums vocation à remédier aux problèmes en cours ou à vendre des produits d'épargne. Mais d'essayer de qualifier la situation pour ce qu'elle est. Au profit de l'épargnant individuel dont les intérêts ne sont guère défendus par les supports d'une presse financière plus soucieuse de ceux de ses annonceurs que de la pérennité des bas de laines des classes moyennes ...

Les analystes qui tentent désespérément de faire passer la situation actuelle au Royaume-uni pour déflationniste ont, comme le disent les anglo-saxon, un agenda politique : "Tenter d'offrir durablement une rémunération négative aux capitaux libellés en livres tout en évitant la fuite des dits capitaux sur d'autres supports monétaires ou vers des actifs tangibles ou exotiques".

Rien ne permet d'assurer pour autant que la situation actuelle ne prennent les attributs mentionnés précédemment. C'est à dire une déflation dans un contexte de monnaie relativement solide. Certes concernant les prix des actifs, l'affaire est entendue. Ils vont baisser et, ce pour une période a priori relativement longue.

Concernant les prix à la consommation et les ajustements salariaux en revanche, rien n'est assuré. Et surement pas la déflation ...

Les pays européens, en particulier, sont très largement régulés et grevés pour la plupart d'une dépense publique essentiellement inélastique. Rien ne permet d'assurer qu'ils soient en situation d'entrer, comme les US de 1930, dans un ajustement économique par les prix. Et tout particulièrement par ceux de la main d'œuvre. En clair une "spirale négative vicieuse" prix-revenus-activité telle qu'elle semble effectivement s'installer partiellement aux US depuis le début de 2008.

Ce type de spirale déflationniste ne se met en place que dans le contexte précis. Celui d'un potentiel de production considérable et d'un volant de régulation économique et social relativement réduit. Est-on dans cette situation ?

Sur le plan quantitatif d'abord, celui des capacités.

D
e nombreux pays européens, Espagne et Royaume-uni en tête, ont une capacité de production de biens commercialisables (tradable goods) très insuffisante. Leur position est d'abord celle d'importateurs nets massifs de biens potentiellement en rupture de financements externes à échéance rapprochée.

Cette situation ne ressemble en rien à celles de pays comme les US au début des années trente ou, plus près de nous, le Japon, l'Allemagne des années 90
, voire dans une moindre mesure, la France de la fin du Mitterandisme.

Sur le plan qualitatif, celui de la capacités des acteurs à s'adapter à une situation de surcapacités par un ajustement sur les prix.

On connait ce scénario construit sur la fameuse modération salariale. Puis la spirale vicieuse de l'ajustement négatif "baisse de la consommation-surstocks et surcapacités-baisse des prix-baisse des salaires-baisse de la consommation-..."

Dans une majorité de pays européens, de nombreux secteurs économiques sont très largement régulés sur le plan social et parfois même économique. Les adaptations dont sont capables ces marchés sont parfois excessivement faibles. Citons l'immobilier espagnol qui peine à reconnaitre via les prix de marché la réalité objective de ses propres surcapacités.

Quand les salaires sont fixes et les ajustements de main d'œuvre restreints, la seule issue est bien souvent l'endettement puis, in fine, la suppression des capacités de production ... Pas l'ajustement par les prix.

Dans un tel contexte, nous risquons de voir tout autant se développer une situation bien différente de celle de la déflation des livres d'histoire économique. Une situation marquée par la destruction de l'offre, la faillite des opérateurs économiques en dépit des soutiens et une montée spectaculaire du chomage ... Mais sans ajustement significatif des structures de prix.

On pourrait d'ailleurs hélas voir se développer un véritable marasme marqué par des pénuries inflationnistes dans certains secteurs-clé en raison de l'incapacité du tissu économique à s'adapter à la nouvelle donne. Le credit crunch n'est pas un mythe. Ces conséquences ne le seront pas non plus.

La déflation à la japonaise - ou à l'allemande - est finalement un scénario assez rose. Et tellement vendeur en termes de rendements obligataires. Sous l'ombrelle verbale de "déflation, abri du rentier", le marché de l'épargne ne va pas manquer de propositions assises sur des supports obligataires garantis sous l'argument apparemment imparable "Votre argent est au chaud. Le pouvoir d'achat de votre épargne grossit certes faiblement au fil de la déflation, Mais ce rendement nominal faible vous protège justement d'une fiscalité confiscatoire".

Cet argument facile tient pour des marchés obligataires travaillant sur de supports monétaires robustes. Est-ce le cas du Royaume-uni en 2009 ? Sera-ce le cas aux US en 2010 ? Je n'en prendrais pas le pari.

Concernant la solidité des placements libellés en Euro, l'affaire est évidemment différente.

Mais le bilan dépendra au final de la réaction des peuples latins et slaves qui ont rejoint le bercail européen durant les trentes dernières années. S'ils sont capables de tenir le choc en cours en opérant autour de solidarités familiales traditionnelles une véritable refondation de leurs modèles de consommation sans conséquences préjudiciables pour l'économie en place, on peut imaginer une issue relativement élégante à cette crise.

Il sera alors temps de mettre en place une préférence européenne raisonnable afin de répondre au dumping monétaire de certains. Et redonner vie à la dimension du grand marché européen souhaité par ses fondateurs ...

Mais il est sur ce point impossible de mettre la charrue avant les bœufs. On fait le deuil partiel d'un certain consumérisme à l'américaine sans pour autant revenir aux vieux démons communistes ou franquistes ou abandonner l'acquis européen libéral, on serre la ceinture et on relance ensuite.

Si des tensions politiques trop fortes se font jour dans la zone Euro autour d'appels à la solidarité masquant maladroitement une volonté délibérée de repousser certains ajustements in aeternum, l'Euro pourrait vivre une épreuve de vérité. Et connaitre, comme pour la monnaie américaine, des taux d'intérêt d'un tout autre tonneau.

Pour l'instant tout cela est relativement bien parti. L'Espagne, particulièrement touchée, affronte la situation avec courage. Espérons qu'elle sache organiser les solidarités indispensables. Sans démagogie.

Certes la Grèce ne va pas fort. Mais espérons, outre qu'elle assume élégamment ses propres contradictions, qu'elle constitue surtout l'exception susceptible de confirmer la règle d'une Europe socialement sure, politiquement harmonieuse et économiquement dynamique.

En conclusion, du placement en Euros, yes. C'est déjà un bon point ... Sur des taux fixes et des durées longues, il est évidemment trop tôt pour le faire.

vendredi 23 janvier 2009

Pourquoi aucun rush sur le métal précieux.

Une réponse de fonds faite ce jour à une question posée sur un forum financier francophone à forte notoriété.

Le gold résiste remarquablement bien. Ceci dit, il ne donne pas lieu à un rush. Pourquoi ? Les raisons sont multiples. On en isolera deux et laisserons de coté les raisons d'ordre techniques et les procès d'intention vis-à-vis de la profession bancaire.

La première réponse est d'ordre géopolitique.

Les détenteurs des plus grosses structures d'épargne nets - Asie et golfe notamment - sont des piliers du système dollar. Pour des raisons bien différentes. Tant qu'ils soutiendront - et ils le font actuellement de leurs bras musclés, sans faiblir - ils ne joueront pas la carte de la monnaie alternative.

Il faut bien saisir qu'ils ne s'agit pas - pour l'essentiel - de patrimoines privés. Mais de patrimoines publics, dont le positionnement est tout autant d'ordre idéologique que financier.

Et c'est là qu'intervient le deuxième frein, qui tient au cadre de pensée.

Le métal jaune est décrit par l'idéologie financière dominante de manière littéralement calomnieuse. On fait porter sur ses frêles épaules la responsabilités de crises dont il n'est à l'évidence pas la source. Sur deux plans, celui des mécanismes économiques globaux et sur celui du comportement des épargnants.

Sur le plan macro-économique :

De la crise monétaire qui frappa l'Espagne impériale à la crise de 1929 présentée et transformée par la lecture d'intellectuels comme Bernanke et bien d'autres comme une conséquence de l'étalon-or, le rôle de l'or a fait l'objet d'une réécriture savante de l'histoire commencée après 1944.

L'or est présenté comme un instrument monétaire au mieux defectueux au pire paléolitique. Au mieux un facteur d'inefficacité. Au pire Un facteur de troubles économiques voire de guerres.

Haro sur le Baudet !

Les économistes dit autrichiens - dont les défenseurs sont les seuls à avoir anticipé cette crise, un sérieux facteur de crédibilité ! - ont depuis longtemps donné la clé. Mais on en a cure. Ils sont entouré d'un mépris élégamment cultivé. Tout particulièrement par la pensée économique néo-conservatrice qui a fait de l'utilisation des instruments monétaires un levier d'action économique. Avec la complicité au moins tacite de tous les acteurs économiques et sociaux. On est entrain de constater les résultats.

Comme le faisait remarquer un analyste de la blogosphere finance, un étudiant en économie brillantissime qui ferait un cheminement intellectuel auprès de cette école de pensée finit au mieux professeur de faculté d'une université sans renom.

Son alter ego reprenant la pensée commune Friedmano-Keynesienne connaitra un tout autre parcours académique. Au pire dans une des écoles de l'Ivy league au mieux prix Nobel d'économie ...

Suivez mon regard !

Sur le plan micro-économique :

L'épargne en or est considérée - fort à tort - comme un facteur de thésaurisation, de "mise sous le boisseau" stérilisant l'argent accumulé aux dépens de l'investissement. L'or serait par sa présence stérilisante. On oublie trop vite que l'or n'est qu'un instrument monétaire susceptible de toutes les opérations y compris les plus sophistiquées.

Au final c'est évidement l'avarice et la cupidité des hommes qui, plus que tout, les amène à détruire et manipuler crédit et monnaie. Dans tous les sens, dans l'ordre et le désordre.

Et que ce soit sur le plan micro ou macro-économique, l'or ne tient qu'un rôle salutaire limitant par sa présence physique sur les marchés, les débordements les plus excessifs de la confiscation macro-économique par l'inflation, la manipulation des taux d'intérêt, une fiscalité prédatrice voire, sur le plan micro, ... la confiscation tout court.

Le métal jaune constitue à l'évidence une monnaie - et une épargne - de dernier ressort ... Son rôle reste à la marge. Je reste persuadé qu'il n'a terminé son cheminement jusqu'à une restauration d'un ordre monétaire international digne. Mais il reste de la route à parcourir.

Du chemin à parcourir dans les esprits également. Tout particulièrement donc dans la perception idéologique des détenteurs nets de créances en dollars. Le retournement est palpable, tant dans le golfe qu'en Chine où la prégnance d'une idéologie faisant un savant amalgame de néo-conservatisme anglo-saxon et de nationalisme économique très communiste est entrain de disparaitre.

Le temps joue pour une revalorisation forte de l'or.

Je le déplore en qualité de citoyen, préférrant, comme la plupart de mes lecteurs, une monnaie fiduciaire honnête et solide qu'une relique barbare. Et n'adhère au métal jaune que par nécessité intellectuelle ... Et financière.

mercredi 21 janvier 2009

Madoff conseillait l'or à ses proches

Madoff conseillait l'or à ses proches, très proches. Enfin on peut facilement l'imaginer ... au vu des ses tentatives de mise en sécurité de bijoux relatées par la presse. Et proposait des produits financiers sophistiqués aux investisseurs avertis.

Après des années de pratique monétaire douteuses, de taux d'intérêts nominaux durablement en dessous de l'inflation constatée par chacun et niée par les organismes officiels, on découvre que le "Jewish bond", le seul placement simple à garantir durablement des rendements supérieurs à l'inflation réelle (de 8 à 12% par an, un peu trop supérieurs pour être honnêtes...) était la plus plus grosse arnaque de l'histoire financière mondiale.

Rappelons quelques vérités dures à entendre.

L'existence même d'un système Madoff doit tout à la construction même de Wall Street, son incroyable absence de règles, de lois - et de condamnations - mais également et c'est assez peu souligné son adossement à la fontaine de jouvence de la Fed.

L'honneteté du système monétaire joue un rôle déterminant celle du système financier. Depuis l'antiquité. Notre époque ne fait pas exception.

C'est la politique accommodante - joli mot - des deux derniers grands argentiers US qui a permis à ce type de montage de se mettre en place. Tout autant et même plus encore que l'existence de régulations ou non. Essayez donc de mettre en place un système Madoff dans un système monétaire gagé sur l'or physique ...

Revenons à nos moutons. En quoi le laxisme monétaire facilite-t'il la mise en place d'arnaques en tous genre.

D'abord du point de vue de la naissance de cette offre de ces instruments financiers ...

L'existence même de leviers considérables disponibles de manière asymétrique à New York et à Londres et les compromission des banquier de la place a rendu considérablement plus attractive les formule des hedge-funds.

Du point de vue de la présence de clients potentiels enfin et surtout.

En présence de rendements réels négatifs servis par le monde obligataire dans un contexte d'inflation réelle patente (faites le tour de vitrines de marchands de biens), l'investisseur se détourne légitimement des produits d'épargne naturels. Et commence à croire au Père Noël. Ou plutôt au père Madoff.

A une échelle moindre on notera que les schémas d'épargne à rendement élevé vendus sous de vocables aimables de "fonds en ...." peuvent également masquer le pire. Et c'est bien là encore le dumping monétaire d'acteurs tiers qui a très largement provoqué la naissance de tels marchés.

Revenir à une monnaie saine est une condition non négociable du retour à des marchés financiers sains.

Cela commence par la disparition de l'intervention de tiers - non épargnants - dans la fixation d'une juste rétribution pour l'épargne. Que les pays du golfe ou l'Asie aient été prêts à ce genre de compromis pour des raisons stratégique ou commerciale ne justifie pas la politique insane menée par Greenspan.

Les conséquence de cette politique ne se mesurent pas qu'en termes de croissance et d'inflation. N'oublions qu'une monnaie qui triche invite des construction d'épargne malsaines.

Merci aux Friedmanites de quitter la salle !

Désolé du ton polémique mais je suis remonté ce matin...

Il y aura inflation ET déflation

Il y aura inflation ET déflation. Et pas inflation OU déflation.

Déflation des prix des actifs. C'est parti et la glissade continuera. En prix nominaux un certain temps (pour les logements français on a RIEN vu). Et surtout en Euros réels, escomptés de l'inflation.

Et oui parce qu'il y aura également inflation. C'est à dire augmentation des prix.

Pourquoi augmentation des prix ? Parce que lorsque l'on importe l'essentiel de ses biens de consommation et d'équipements ... On est tributaire de sa monnaie.

La déflation - la vraie - est réservée spécifiquement aux pays à très fort patrimoine économique - industriel notamment - susceptible de développer de très fortes surcapacités internes (non pas celles des fournisseurs étrangers) et ne concerne donc pas le Royaume-uni ni même les US.

Ce schéma concerne potentiellement la Chine et le Japon si leur politique monétaire devient raisonnable. Suppression du pegging (l'accrochage du yuan au dollar à valeur de dumping) pour les chinois notamment.

Concernant l'Europe, le schéma est particulièrement intéressant sur le plan technique.

Accroché au Nord de l'Europe par un raccroc de l'histoire qu'il n'aurait mieux pas valu tenter, les pays du Sud de l'Europe sont partis pour une déflation carabinée et totalement incontrôlable et surtout intenable.

Pourquoi ? L'Espagne, le Portugal et l'Italie ont un système social comportant - pour un bien et un mal - des rigidités-amortisseurs considérables sur les marchés de l'emploi ... A la française, en plus marqué.

En matière d'ajustement monétaire, cette rigidité est un mal absolument catastrophique. Les salaires et les prix doivent baisser de manière rapide et socialement uniforme. Toute alternative est une poudrière ou une invitation à la glissade genre Amérique latine, version 1950.

Sauf à intervenir à temps, à savoir avant la fin de cette année, Rome, Madrid et Lisbonne seront confrontés à la faillite - pas seulement l'insolvabilité - de leurs banques et d'une très large partie de leur tissu économique.

Il faut regarder les choses en face. Il ne s'agit pas de déflation mais bel et bien de faillite sur pieds de pans entiers de l'économie locale.

Notre schéma national est un peu plus rassurant. Mais cela va tomber comme des mouches chez nous également.

Il est impératif - non de jouer le jeu des chinois, celui de la destruction monétaire étatique qui va contre notre culture et nos intérêts - mais celle d'un complet réalignement de notre politique économique.

Des négociations sérieuses incluant dans un même amphithéâtre les partenaires du commerce mondial.

A la clé, une modification du paysage monétaire.

L'émission d'obligations souveraines internationales doit baisser massivement. Elles ne sont pour la plupart justifiées par aucune données sérieuses.

Nos pays riches n'ont pas demander financement à des pays dits pauvres. Surtout pour assurer le train de vie des états. Qu'on cesse de nous parler d'investissement public ...

C'est bien la dépense de fonctionnement d'états-nation aux infrastructures totalement amorties qu'il s'agit. S'il faut financer la dépense du pays, n'attendons pas. L'impôt est fait pour cela. Cela calmera les ardeurs ...

Pour le reste, flottation généralisée et obligatoire des monnaies pour tous ... Ou retour à l'étalon monétaire physique. Why not ?

En l'absence d'accord sur ces plans, la mise en place de barrières tarifaires est nécessaire. Pour permettre à de grandes zones de libre-échange comme l'Europe de trouver leur équilibre.

Soyons clairs, si nous laissons la mondialisation se pérenniser, l'Europe va tout simplement disparaitre.

Les usines doivent retrouver leur place en Europe du Sud sur des bases salariales retrouvées. Ainsi qu'en Europe orientale dans ces usines d'ailleurs flambant neuves ... Qui vont disparaitre avant d'avoir vécu en l'absence de réaction. Ayons une pensée notamment pour l'équipement automobile sur place.

Les pays du versant oriental mourant sur le poids de leurs dettes en monnaie forte sans possibilité de contrepartie. Le versant Sud étant à peine mieux loti.

Entre tourisme et productions fruitières, l'addition ne se fera pas pour le Club Med européen.

Rappelons que Sarkozy est tout à fait conscient des enjeux en la matière. On lui soufflera de rappeler à Merkel que la chute du "pré carré" oriental des industriels allemands est programmé en l'absence d'une révision complète de la construction européenne.

Celle-ci doit se faire dans un ensemble cohérent et protégé. Sur le plan monétaire et tarifaire.

N'oublions pas dans le paysage,la ratification par les partenaires de textes simples et sains sur la protection intellectuelle sur les marchés internationaux.

Nos dirigeants industriels - trop contents de toucher chaque année des bonus représentant parfois entre cinq et dix années de salaires de leurs prédécesseurs des années 60 à 90 - ont laissé filé les savoir-faire de leurs entreprises dans des conditions qui sont contre l'intérêt bien compris de nos pays.

Rappelons le changement de ton des dirigeants désormais désillés d'Alstom.

Arrêtons de se voiler la face. Encore cinq ans de ce régime de transfert de savoir-faire et de dumping monétaire et l'industrie - y compris la plus moderne - aura disparu de nos contrées.

Est-ce cela que veulent nos dirigeants politiques ? A eux d'informer et de préparer l'opinion puis de pousser leurs pions.

mardi 20 janvier 2009

Un point de vue sur la France

Un point de vue sur la France .... Que je partage.

De la part d'un analyste que j'apprécie, très Old-England, cultivé mais sans pédantisme excessif, Tory mais sans parti pris, Martin Hutchinson. Britannique mais citoyen du monde comme nombre de ses compatriotes lorsqu'ils sont cultivés et sans a priori.

Parfois un peu littéraire et insuffisamment factuel. Mais ce n'est certainement pas le cas de son dernier post.

Dans un article sans concession à la recherche d'un asile économique et financier où Martin n'épargne aucun des grands pays sauf l'Allemagne, il a des paroles positives sur notre pays.

Un diagnostic est raisonnable :

"France is a better bet; the European Central Bank will keep inflation reasonably low, and the fiscal position is tolerable. France has even managed to make a little progress on its structural economic problems. With public debt of $1.5 trillion there’s enough to invest in, though debt (65% of GDP) is somewhat high and public spending (54% of GDP before recession hit) is uncomfortably high. Still, it’s a possibility."

La France est très rarement mentionnée des analystes économistes financiers crédibles (aka ceux qui ont annoncé la crise avant sa survenue ... Faites le tri sans concession, svp). C'est le cas de Martin.

Raison de plus pour le lire sur son site actuel :

http://www.prudentbear.com/index.php/commentary/bearslair

lundi 12 janvier 2009

2009 - Reconnaitre que l'on ne sait pas ...

Pour 2009, comme beaucoup de bloggers de la sphère finance j'ai été tenté de sortir ma liste de prédictions précises pour l'année 2009. Je ne risquerai qu'à des considérations générales. Voilà pourquoi.

Après avoir eu des opinions tranchées en 2007 et 2008, le marin reconnait qu'il ne sait pas établir de pronostic sérieux et des paris raisonnables pour 2009.
Le paysage météo - la situation monétaire - est trop instable pour justifier des paris spéculatifs et moins encore une posture d'investisseur.

Je n'ai sorti dans mon dernier post "épargne" que quelques recommandations générales et suis resté évasif sur le fonds.

Le marin renouvèle ses recommandations de prudence autour d'une position d'attente en liquidités Euros et en métal jaune assortie pour les plus courageux d'une spéculation à la marge sur le marché des changes ou de matières premières. Histoire de "rester en jambes" ...

Pour le reste, je me retrouve bien dans les positions récentes de Bill Fleckenstein. Pour lequel le marché n'est pas assez lisible pour que l'on puisse prendre le risque d'un quelconque pari.

S'il y a bien un discours que l'on peut tenir c'est bien celui de Bill, à savoir une reprise technique des marchés - d'ailleurs largement entamée - et, selon toutes vraisemblances, destinée à avorter avant la seconde partie de l'année. Puis la reprise d'un dérapage sur toutes les classes d'actifs. De l'immobilier aux actifs industriels.

Vous noterez que ce discours reste atypique et clairement inversé par rapport à celui volontariste de la plupart des professionnels du secteur de la gestion de patrimoine persuadé du "retour à bonne fortune" des marchés-action. Souvent durant la seconde partie de l'année.

Le marin persiste et assumera l'erreur sur son blog le cas échéant. Mais c'est s'il a bien une conviction c'est que les actifs cotés vont continuer d'être peu attractifs.

Entre surcapacités de production majeures et des relais de consommation qui tardent désespérément à apparaitre en Asie, l'activité industrielle - celle qui constitue le creuset de notre économie marchande - est désormais peu rentable et donc peu attractive. Sur l'ensemble de la planète. Et ceci pour la premières fois depuis de nombreuses années sans exception. Pas même en Asie ou en Europe de l'Est ... Les surcapacités sont partout. Et les clients solvables l'Arlésienne.

Pourtant même en période difficile, le dynamisme d'un marché est doit plus à la présence des liquidités qu'à celle de la perspectives de rendement.

Le marché-action pourrait être être sensible à la présence de liquidités. Car ces liquidités sont toujours présentes. Elles sont cependant désormais massivement aux mains de tiers non issus de l'OCDE, en Asie notamment.

Les actifs cotés en bourse pourraient être attractifs si ... Les occidentaux acceptaient le rachat de leurs entreprises cotées par leurs créditeurs obligataires internationaux.

Une décision politiquement intenable. Juridiquement introuvable. Et techniquement irréalisable. Nos dirigeants préfèrent que ces détenteurs de liquidités les placent dans des solutions sans impact à court terme sur les structures de pouvoir de nos pays, les bons du trésor occidentaux.

Pour l'instant, l'argent obéit ... Et va se placer, sans trop de question sur des actifs sans rendement ni avenir, des dettes publiques qui sont sur le point d'échapper à leurs émetteurs, des états-nations à la démographie affaiblie et ... à cours de rentrées fiscales.

Les marchés-actions vont donc continuer de souffrir. Alors dans ce contexte d'étranglement progressif de la liquidité, pourquoi ne pas continuer la vente à terme sur les marchés ?

Votre serviteur n'investit désormais que les risques relativement maitrisés et c'est pourquoi il a mis un terme à ses shorts moyen-terme courant octobre 2008. Il lui semble que seules les entreprises des secteurs industriels localisées dans le Sud de l'Europe - et donc condamnées par la seule politique monétaire orthodoxe de la planète, celle de la zone Euro - sont à ce jour des supports fiables de short ...

C'est peu et insuffisant pour que les marchés aillent au terme de leur effondrement. Je pense que les monnaies vont faiblir et que l'inflation va progressivement reprendre la place qu'elle avait perdu dans le paysage financier.

Vendre à terme les marchés-actions en période d'émission monétaire massive reste un risque trop élevé pour un épargnant ordinaire.

Ce risque est d'autant plus élevé que les récentes décisions des autorités chinoises de relâcher leur propre politique de crédit vont également dans le même sens, celui du choix de soutenir les acteurs économiques aux dépens des détenteurs et pourvoyeurs de crédit. Au final, entre les US, la Chine et quelques périphériques incontournables c'est bien la moitié de la planète économique qui a fait le choix de la destruction des instruments monétaires. Cela évitera aux autres grands argentiers de faire un choix. Celui-ci a été effectué par défaut et sans véritable concertation par Washington et Pékin.

Rappelons à tous qu'en raison de l'arrimage monétaire de fait existant entre dollar et yuan, la politique monétaire laxiste des uns (US) renvoie mécaniquement à une politique de crédit déraisonnable chez les autres (Chine).

Cette destruction monétaire sera-t'elle progressive et organisée ? Ou échappera-t'elle à ses concepteurs ? Le marin a son avis et vous le connaissez.

En tentant de contrarier littéralement au forceps la rétraction naturelle du crédit sur les marchés à l'issue d'une période d'allocation inefficace de l'épargne mondiale, les autorités monétaires et politiques sont vraisemblablement entrain d'ouvrir la boite de Pandore. Rappelons que, selon la légende, cette boite contenait les maux de l'humanité ...

Revenons à notre sujet pour conclure sur le comportement prévisible des marchés en 2009?

Si le marin a une une certitude c'est bien celle que le sauvetage du secteur financier par les autorités politiques s'est faite sans contrepartie politique en termes d'encadrement.

Les fameuses liquidités sont effectivement de retour dans le système financier en quantités importantes en raison de la politique des grands argentiers. Mais rien ne garantit que ces liquidités ne choisissent des vecteurs de placements souhaitées par les autorités politiques et monétaires. A savoir un mélange politiquement correct d'achat de crédits sur les marchés de la dette privée - il faut tout relancer - et publique - il faut tout soutenir ...

Dans ce contexte, le risque d'un nouveau run sur les matières premières est des plus élevés. Beaucoup plus que celle d'un rallye durable sur les marchés-actions désormais sans perspectives claires.

Dans la mesure où les autorités n'ont pas su - comme elles auraient du le faire en temps utile - encadrer les marchés de matières premières en en réservant l'accès aux aux seuls acteurs vraiment concernés, tout peut désormais arriver très rapidement dans ce secteur. Car il n'est hélas pas exclus qu'en cas de tensions sur ces marchés des considérations géopolitiques voire stratégiques exogènes ne viennent affoler encore un peu plus les comportements.

La course aux matières premières pourrait prendre des formes hélas moins pacifiques qu'en 2007.

Comme toujours, rappelons qu'il s'agit bien ici d'opinion d'épargnant. Ces avis ne sont pas ceux d'un professionnel et ne sauraient valoir conseil financier !

jeudi 8 janvier 2009

La monnaie est-elle une variable d'ajustement ?

Pour beaucoup de nos économistes tendance "journaux et magazines télévisés" et nombres de leurs doctes confrères des universités, la monnaie n'est très largement qu'une variable d'ajustement du système économique.

Pour la majorité de nos experts, la monnaie est cet outil nécessaire à la réalisation, si immédiatement nécessaire qu'il en devient un outil pour d'autres fonctions ...

Selon la vulgate en vigueur, la politique monétaire sert à :
- promouvoir l'investissement - et notamment la dépense publique,
- stimuler la croissance,
voire même,
- réduire le chômage.

Subsidiairement, la politique monétaire peut servir à ... Assurer la pérennité du "système monétaire". Mais ces experts en sont surs, la monnaie n'est qu'une simple variable d'ajustement ... Et rien d'autre.

Si la monnaie n'existait pas, il suffirait de l'inventer et de la mettre en place. Par simple convention. Pour remplacer le troc ...

Cela contredit l'expérience commune.

Car comme chacun le sait, lorsqu'il gère son patrimoine P-E-R-S-O-N-N-E-L, en empruntant ou en épargnant - la stabilité de la monnaie est essentielle. Sa qualité, sa permanence sont essentielles. L'argent a une valeur en soi, d'ailleurs largement différente d'une personne à l'autre.

Pour le commun des mortels, les questions sont simples :

1- Pourquoi prêter - et surtout à long terme - si l'argent décaissé est remboursé en dessous de sa valeur nominale par une inflation sournoisement supérieur aux soit-disants "taux d'intérêt" ?

2- Comment emprunter - et surtout à long terme - si la valeur de l'argent augmente subitement de manière brutale - comme actuellement ?

Le fait que l'expérience commune contrarie leur appréciation rassurerait plutôt nos économistes experts ... Car le paradoxe, et l'art de contrarier font depuis longtemps partie de leur expertise. Avec l'emploi de termes abscons et une formulation mathématique dissuasive vis-à-vis des esprits faibles et bien souvent mal à propos.

Disons-le tout net. Avec les économistes dits autrichiens, la monnaie est un bien distinct ayant sa dynamique propre. C'est un bien commun. Comme le réseau d'autoroute. Il est même plus essentiel encore.

Lorsque le système monétaire est solide, l'économie est largement stimulée. A l'inverse, un système monétaire détérioré handicape considérablement un pays voire un continent ... Et même toute la planète.

La restauration de la stabilité monétaire est un pré-requis pour la mise en place d'une politique économique viable. Et pas un conséquence. Soyons clairs, ni Keynes ni Friedman ne seront d'un quelconque secours dans les difficultés du moment. Bien au contraire ...

Les décisions prises actuellement vont clairement envoyer à la fosse commune le fondement des échanges internationaux, le dollar. On ne s'étonnera pas de voir faiblir fortement - pour une durée difficilement compressible - crédit et investissement privé long terme, seuls capables d'animer durablement la croissance de la planète.

Et ce ne sont pas les injections de cash monétaristes (sic) et les investissements publics volontaristes (re-sic) qui changeront la donne. Bien au contraire.

La monnaie est un bien collectif, vecteur essentiel de confiance en l'avenir. Lorsque la confiance dans cette créance - la monnaie-papier en est d'abord une - est fortement détériorée, il faut un temps considérable pour la restaurer. Ce temps sera d'autant plus long que la période d'instabilité dans laquelle nous sommes entrés durant l'année 2007 sera longue.

Je ne souscris pas aux discours sur la déflation. Car il implique en fait une stabilité monétaire relative ... Nous n'y aurons pas droit. On ne sortira pas de cette crise avant que les taux de refinancement n'aient réintégré les valeurs de bon sens. Cela fera mal. Mais il serait préférable que cela soit plutôt tôt que tard.

Un système monétaire sain et fonctionnel - incluant des taux d'intérêt positifs mais non usuraires, la sécurité juridique fiscale des épargnants et des attentes d'inflations d'inflation raisonnables - est indispensable à une économie moderne. Autant voire plus qu'un système de transport international fiable.

En l'absence de régulation internationale fiable sur les monnaies et c'est d'ailleurs peut-être trop tard pour l'envisager, le montant des volumes des échanges internationaux va se réduire considérablement. C'est en fait déjà très largement entamé.