vendredi 4 mai 2007

Chine : argumentaire pour les bears

Aujourd'hui on vend la lune aux investisseurs notamment en Asie. Le marché monte, monte et personne ne voit de raison valable à une baisse des anticipations.

Demain sera meilleur qu'aujourd'hui. Les sociétés cotées ont un avenir radieux. Et à en croire les analystes, les titres - et exclusivement ceux cotés au premier marché - sont encore incroyablement bon marché.

La situation des US se détériore aux US mais n'inquiètent visiblement que les bilieux et les dépressifs.

Pourquoi ? Parce qu'un mythe vient de faire son apparition, celui de la Chine, un nouveau Far West. Mais un Far West light. Avec ses mines d'or bien sûr. Et ses troupeau de bison. Mais sans les indiens, la guerre de sécession et ses crises à répétition (les fameuses panics de la seconde partie du XIXeme siècle).

AMHA la situation est installée et ce mythe soutient solidement les marchés.

Seule une crise en Asie et spécifiquement en Chine est en mesure de percuter ce mythe et de déclencher la correction salutaire nécessaire.

Nous en avons eu un premier aperçu en février. Ce n'était finalement qu'une quinte de toux vite oubliée sans véritable fondement.

EN BREF SI VOUS ATTENDEZ L'AJUSTEMENT REGARDER VERS L'EST ET NON VERS L'OUEST. MÊME UN NOUVEAU 9/11 NE FERA PAS CHUTER WALL STREET. C'EST D'ASIE QUE VIENDRA LA GRIPPE.

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Qu'est-ce qui va déclencher la crise. Je vois deux facteurs essentiels sur l'Asie. Un risque macro-économique à court terme, celui de surcapacités massives. Un risque patrimonial, à moyen terme celui-là.

1 - le risque de sur-capacité
La croissance mondiale a enregistré de fabuleuses années. Avec des taux de croissance impressionnant.

Les capacités de production explosent en Asie. La Chine est l'usine du monde. Et pour autant la consommation intérieure chinoise reste incroyablement faible.

Les raisons, on l'aura compris, sont nombreuses et partiellement politiques. L'état chinois TRÈS NATIONALISTE construit sur la sueur des générations actuelles - à la manière des capitalistes européens du XIXeme - l'industrie de leur pays. Pékin affranchit la Chine des 200 années de faiblesse et d'humiliation coloniale.

Mais au final ce pays vient de mettre en place un dispositif économique totalement déséquilibré (50% du PIB dans l'investissement). Et le pays ne peut que générer des excedents structurels massifs, avec tous ses partenaires.

Celà peut-il durer ? Évidement non. Et d'autant moins que l'un des clients, les US, va prochainement mettre le genou à terre et que la monnaie de réserve destinée aux stockage des excédents perd rapidement de sa crédibilité.

Ne pouvant plus utilement stocker ses excédents sous forme monétaire, la Chine va devoir à la fois trouver d'autres moyens de stockage de ses excédents et établir des relations plus équilibrées avec ses clients.

Le pourra-t'elle à court terme ? Nous avons toutes les raisons d'en douter. L'avènement d'une société de consommation dans ce pays pose des problèmes politiques qui ne seront pas surmontés dans un avenir proche. A court terme il semble que l'afflux de liquidités dans le pays provoque un surcroit de spéculation. On peut

Une crise de surinvestissement est non seulement possible mais vraisemblablement inévitable.

2 - le risque patrimonial
Il est loin d'être assuré que les entreprises occidentales pourront RAPATRIER de gros revenus de pays comme la Russie ou encore la Chine. Les coups tordus du gouvernement russe sont sur la place publique. Alors attardons-nous sur l'eldorado chinois. De Danone à Alcatel, même les champions occidentaux rencontrent des difficultés à contrôler leurs opérations en Chine.

Il fut un temps où la France - nationaliste - favorisait fortement ses champions nationaux aux dépens des multinationales étrangères. La Chine fera de même. et protègera ses propres intérêts avec efficacité ...

Nous y trompons pas. Si l'état chinois a facilité l'implantation de structures exportatrices qui contribuent fortement à sa balance extérieure, il sera beaucoup difficile de remonter des dividendes importants d'entreprises tirant parti du marché chinois.

Seules les entreprises dotées d'une position technologiques ou de marché TRÈS fortes sortiront gagnantes du bras de fer en Asie. Je n'achète absolument pas en particulier le scénario d'une ouverture durable du monde des services financiers chinois aux opérateurs occidentaux.

Nous ne sommes ni à Londres ni à New York. La Chine sort d'un épisode colonial douloureux. Il est surement présomptueux de l'oublier.