mercredi 10 juin 2009

le prix du pain, le yuan et le cours du métal jaune

Une contribution qui fait suite à des comparaisons centrées sur les performances financières relative à long terme de l'or et celle de l'immobilier hexagonal dans un forum boursier à forte notoriété.

Vous noterez avec intérêt que ces analyses ont été réalisées sur des bases très diverses. Du prix du pain au cout de la main d'œuvre sans oublier le prix d'un simple repas. Mais le plus souvent la comparaison porte sur biens immobiliers localisés en France. En clair on compare le prix de l'once d'or fin - international et unique - à de celui de biens non circulants (non-tradable) et qui plus est des actifs potentiellement spéculatifs. C'est intéressant mais terriblement partiel et partial. Car la photo est évidemment à prendre sur une perspective historique longue mais également une échelle géographique globale, celle de marchés, désormais mondialisés.

Citons wikipedia sur les parités de pouvoir d'achat : "Dans un marché global et unifié, sans coût de transport, les produits identiques ont tous le même prix au même instant et à tous les endroits de ce marché." C'est évidemment loin d'être le cas actuellement.

Du cout de l'appareil photo numérique à celui de la voiture, les différentiels de parités de pouvoir d'achat ont actuellement un degré de distorsion rarement atteint. En dépit d'une mondialisation arrivée quasiment à son terme. Y compris les prix de gros ou encore prix industriels. Pour des raisons économiques, mais également en raison d'une sous-évaluation systématiquement mercantiliste des taux de change par les pays asiatiques. Un phénomène mal anticipé par les architectes et les nouveaux grands prêtres de la mondialisation.

Où le marin veut-il en venir ? A une considération majeure. Ces valorisations de notre immobilier sont faites localement dans notre pays et sur la base de parités monétaires largement instrumentées. Des parités artificielles qui ont entrainé, outre une accélération spectaculaire de la désindustrialisation de nos pays, des conséquences financières dont certaines sont particulièrement lourdes :

  1. la dépréciation accélérée dans nos pays de tous les biens facilement transférable et la surévaluation relative de tous les biens, actifs et services non circulables, ceux-ci ne pouvant donner lieu à des arbitrages sur les marchés internationaux,
  2. une perfusion massive des systèmes bancaires occidentaux à partir des ressources mises à notre disposition par nos créanciers internationaux dans le droit fil de leur politique de "sous-évaluation monétaire durable",
  3. la surévaluation mentionnée en 1. est accrue à due proportion des politiques de crédit mises en place pour les "biens immobiliers" considérés par nos banquiers comme des actifs financiers et donc susceptibles de bénéficier de leviers financiers à l'acquisition. Ces leviers ont atteint des niveaux sans précédent historique en dehors de la grande spéculation japonaise des année 80.

Si nous nous devons de mentionner le rôle joué par la Fed dans le bradage des taux d'intérêt durant la période qui a suivi la crise de 2001, c'est effectivement largement à l'instrumentation des parités par les grands pays asiatiques - sous la pression financière indirecte et très largement involontaire de Pékin - que nous devons ces prêts à long terme particulièrement bon marché qui ont fait levé depuis dix ans nos prix immobiliers comme de la pâte à pain. Et qui gonflent désormais, massivement et dans l'indifférence générale, la dette publique de nos pays.

Si les taux sont si faibles, les durées si longues et le banquier si aimable ... Cela ne doit rien au hasard. Et tout à la nécessité monétaire.

Tenez compte de ces puissants mécanismes dans votre anticipation de l'évolution de la parité entre le métal jaune et la valeur de notre parc immobilier. L'immobilier occidental a bénéficié d'une double stimulation.

Comme nous l'avons vu, contrairement aux biens industriels l'immobilier est par nature intransportable et n'est pas sujet à aux considérables arbitrages négatifs qui ont pesé sur les biens industriels. Notre parc immobilier a de plus bénéficié - en qualité d'actif financier - du soufflé monétaire en cours. Pensez-vous que cela soit amené à durer en cas de modification du paysage monétaire et financier ?

Je ne prendrai pas le pari que nos partenaires commerciaux internationaux continuent à se porter acquéreurs de nos dettes, même élégamment emballées et dument garanties par nos banques voire nos institutions publiques, si nous cessons de leur assurer des excédents massifs ...